Anthony Babkine, diplômé de l’Institut Mines-Telecom Business School et du Celsa Paris-Sorbonne, est le co-fondateur de Diversidays, une association d’égalité des chances qui aide des personnes sous représentées dans les métiers du numérique.
Interview par Florence Dauchez
Publié le 18 mai 2022
FD : – D’où provient votre sensibilité pour les sujet de la diversité et de l’inclusion dont celle des femmes?
AB : – Évidemment la place des femmes, à titre personnel, vis-à-vis de ma mère, je la trouvais tellement injuste par rapport à la femme brillante qu’elle a pu être au niveau professionnel et des difficultés qu’elle a pu avoir à un moment à retrouver un emploi. A l ‘époque, je partais un petit peu dans les mauvaises voies, donc elle s’est arrêtée de travailler et la difficulté qu’elle a eue à se réinsérer.
Ce sont des choses qui font qu’aujourd’hui mon engagement est vif et intact. J’ai aussi vu toutes les injustices qu’il pouvait y avoir sur le parcours de quelqu’un qui vient de banlieue ou de quartier en termes de difficultés à trouver un emploi, le nom à consonance étrangère, la ville de banlieue, le manque d’expérience qu’on peut réussir à trouver, par exemple dans un grand groupe, dans une belle maison.
Donc tout ça, ça a forgé mon caractère et ça m’a donné envie de m’engager.
FD : – De quelle manière déclinez-vous votre intention ?
AB : -L’objectif, ce n’est pas Diversidays qui arrive sur un territoire et qui prétend inventer et réinventer la poudre. On va mettre autour de nous tous les acteurs qui comptent sur le sujet de l’insertion professionnelle. Par exemple Pôle emploi ou Cap Emploi, ces acteurs qui font l’emploi ou qui font de l’insertion professionnelle sur une région. Ca peut être les acteurs du numérique, l’objectif, consistant à les mettre tous autour de la table et leur demander de faire connaître un programme qu’on a imaginé pendant le confinement qui s’appelle Déclic numérique.
FD : – c’est un programme très concret ?
AB :- Absolument, en quelques semaines on propose aux apprenants de comprendre ce que sont ces métiers du numérique. Ils vont rencontrer des pairs, des écoles, des formations, des entreprises qui recrutent sur ce secteur là. N’oublions pas que l’objectif, c’est de montrer que c’est possible. On peut se lancer, on peut reprendre ses études. 1/5 de nos apprenants, au bout de trois mois reprennent la route des études ou retrouvent un emploi dans la tech. Et ça, c’est génial !
On a accompagné déjà 5 000 personnes dans ce domaine. Bien sûr, les femmes sont au cœur des enjeux de formation, de reconversion. Parfois, elles se sacrifient au profit de leur conjoint ou conjointe. Et donc je pense qu’il y a un vrai enjeu aujourd’hui de faire en sorte que ces femmes se reconnaissent dans le futur de l’emploi.
FD : – Toutes les zones en France sont-elles concernées ?
AB : – Il existe beaucoup, beaucoup de solutions sur plein de régions aujourd’hui, il y a des dispositifs adaptés donc on essaye de le faire savoir abondamment à toutes ces femmes, à une diversité de femmes en situation de handicap, des femmes de plus de 45 ans, des femmes de couleur, beaucoup de femmes qui aujourd’hui ne se reconnaissent pas dans ces métiers parce qu’elles ne se voient pas.
Elles ne voient pas leurs équivalentes. Donc le rôle de l’association, c’est aussi de travailler sur les représentations, montrer des femmes qui ont parfois des parcours pas linéaires qui peuvent être en situation de handicap, qui ont connues des situations de discrimination et qui disent : – j’y suis parvenu et voilà ma solution, voilà comment moi j’ai réussi. Et donc ça permet parfois de se projeter.
Notre rôle, montrer que c’est possible peu importe ces difficultés et parfois ces barrières intérieures.