Femme sur l’Olympe

Brigitte Henriques, présidente du CNOSF.
Brigitte Henriques est la première femme présidente du Comité national, olympique et sportif français.
Pionnière dans le sport est une position qui ne lui est pas inconnue, elle a été l’une des premières femmes internationales de football.
Le 29 juin 2021, elle est élue dès le premier tour avec 57,8% des voix. Nous avons rencontré celle qui sera en charge des prochains JO à Paris en 2024.

Interview par Florence Dauchez
Publié le 30/05/2022

FD : L’égalité F/H est-elle une préoccupation dans le cadre de vos fonctions ?

BH : C’est vraiment une politique volontariste que j’ai chaque jour dans mon esprit. Tout de suite en arrivant j’ai fait en sorte qu’il y ait autant d’hommes que de femmes dans le bureau exécutif, la gouvernance, et je fais aussi en sorte que dans toutes les commissions, il y ait autant d’hommes que de femmes, qu’il y ait des co-présidents hommes/femmes. Et là, au niveau des salariés, on fait en sorte qu’il y ait aussi vraiment ce pouvoir réduire ce décalage-là.

FD : A qui avez-vous pensé lorsque vous avez été élue à la tête du CNOSF ?

BH : Ma première pensée a été pour mes deux filles Barbara et Fanny, tout simplement parce que j’ai dédié cette victoire à toutes les femmes.

C’était important pour moi d’oser candidater pour être numéro un dans une telle institution. Et ce n’était pas facile parce que, en tout cas pour moi, vous savez avec ce syndrome de l’imposteur de sentir légitime et crédible, ça m’a demandé beaucoup, beaucoup de travail sur moi-même et je me suis dit : -voilà peut être que ça donnera aussi envie à d’autres et surtout de se dire que rien n’est impossible.

FD : Quel rôle le sport peut-il jouer dans la progression de l’égalité ?

BH : Le sport donne l’exemple, il fait bouger les lignes.

On l’a bien vu là avec les Jeux Olympiques de Paris 2024. Les Jeux olympiques et paralympiques vont être pour la première fois avec des délégations où il y aura autant d’hommes que de femmes. C’est la première fois de l’histoire et c’est un symbole très fort. Je crois surtout que le sport a un rôle à jouer en terme de mixité, d’inclusion.

On a des athlètes qui sont des rôles modèles, je vois Clarisse Agbegnenou, qui a été championne olympique cet été. Quand elle parle, elle engage tout le monde et c’est quelque chose de très important. J’ai envie de dire que le sport n’a probablement pas encore trouvé la place qu’il doit avoir dans la société parce qu’il a un pouvoir juste incroyable de changer le monde.

 FD : Quelles actions pourraient inciter les fédérations à davantage s’engager dans la promotion de la visibilité des sportives ?

BH : J’ai cherché à comprendre pourquoi certains dans les fédérations  y allaient et pas les autres.

En fait, c’est assez drôle, c’est toujours lié à une histoire personnelle soit avec une figure inspirante qui était une femme, leur mère, leur tante, leur grand-mère. Par exemple j’avais adoré cette interview avec Vincent Volpe, qui était le président du club du Havre, pour les filles et les garçons, qui m’avait dit : « – moi je viens d’une famille du business et je veux rendre la chance que j’ai pu avoir et ma figure inspirante c’est Mère Térésa.

Voilà, je veux aussi faire quelque chose pour les femmes dans le sport et c’est ça qui m’a inspiré.»  C’est fou parce que c’est souvent lié à un vécu, à quelque chose. La personne se dit : « – moi aussi je dois faire quelque chose pour les femmes. » Si vous prenez Noël Le Graët à la Fédération française de football, il a fait ce pari-là,  et on a organisé la Coupe du monde 2019 qui a changé les choses en terme de médiatisation pour tous les pays du monde.

FD : votre parcours remarquable n’aurait pu se construire sans confiance personnelle. Avez-vous travaillé ce point ou êtes-vous née avec cette confiance ?

BH : Alors si vous me dites que j’ai cette confiance-là, ça me fait bien, bien plaisir !  Parce que ce n’est pas si simple au quotidien dans l’environnement qui est le nôtre. Au niveau de l’écosystème du monde sportif, c’est pas toujours très facile. J’ai reçu et continue de recevoir beaucoup d’amour de ma famille, ce qui est essentiel.

FD : quel mot le caractérise l’impact que vous souhaitez porter dans le cadre de votre mandat ?

 BH : Ce n’est pas un travail pour moi d’être présidente du Comité national olympique et sportif français.

C’est une mission de vie en fait, c’est une mission pour moi de permettre à toutes les jeunes filles de pouvoir pratiquer quel que soit le sport qui les passionne, de gagner des Coupes du monde, de gagner des championnats d’Europe, de pouvoir gagner des Jeux olympiques et tout simplement de pouvoir être elles-mêmes. Et en fait j’essaie juste d’être moi-même dans cette conviction qui m’anime, que j’ai ça à faire dans ma vie.

Florence Dauchez

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