Quand danse et handicap ne font qu’un

Cécile Martinez, chorégraphe.

Quand danse et handicap ne font qu’un.

Vous verrez sa bande d’artistes sur les écrans de TF1 dans une toute nouvelle série programmée en Avril baptisée « handi gang». Cécile Martinez dirige l’institut des arts inclusifs et elle fait depuis 20 ans maintenant danser les jeunes handicapés. Une opportunité qui a changé sa vie.

Nous avons rencontré Cécile Martinez. 

Interview par Raphaëlle Duchemin
Publié le 16 février 2022

Tout commence par un coup de fil. A l’époque Cécile est professeur de danse à Toulon dans le Var, dans une école réputée pour ses cours de valse ou de tango. Ce jour-là la chorégraphe décroche le téléphone et c’est une association qui est au bout du fil. « Des parents d’enfants en situation de handicap. Ils me disent ils ont envie de danser qu’est-ce que vous pouvez faire pour nous ? moi je ne connaissais pas le handicap mais je ne me suis pas sentie de dire non »

C’est comme ça que tout commence. Une semaine et une rencontre plus tard, Cécile se retrouve face aux enfants et à leurs sourires : elle dit oui. Mais quand la porte se referme elle est prise de vertige : « je me suis dit mon Dieu qu’est-ce que je vais leur faire faire à ces enfants ? »

Des enfants avant tout

Car les handicaps sont lourds ; certains sont en fauteuils ou en flèche, lourdement paralysés ou tétraplégiques. La chance que j’ai eu c’est les parents comme Anna la maman de Marion qui a dédramatisé. Elle m’a dit ne les regardes pas comme des enfants différents regardes les comme des enfants tout simplement ; toi tu as un art et ensemble vous allez trouver des choses. »

Armée de courage Cécile se lance : « ça marchait, ça ne marchait pas, ils m’ont aidé et ensemble on a construit quelque chose ». Cécile est même bluffée : « ils m’ont appris une nouvelle forme de danse. Ils m’ont appris la danse que moi je n’avais plus. Ces danseurs là ils n’avaient pas la technique mais ils avaient une âme. Et ils dansent tous. »

Fauteuil arabesque et compagnie

C’est comme ça que petit à petit à travers tout le département et au-delà, le travail de Cécile fait boule de neige. Elle est appelée dans les IME les foyers les centres médicaux sociaux…et sa troupe s’élargit. « De 10 petits danseurs on est passé à 200 danseurs en situation de handicap qu’on a tous emmenés sur la scène du palais Neptune à Toulon. Ils font en fonction de leurs corps en fonction de leurs possibilités. Mais la consigne elle est la même pour tout le monde. Si je prends l’exemple de Barbara qui est tétraplégique, elle est dans son fauteuil, sanglée car prise de spasmes, elle danse avec sa tête qui lui reste avec son regard qui vit quand elle danse ; Si je dis levez les bras je sais qu’elle ne peut pas mais je lui dis trouves autre chose Barbara lève autre chose. Elle se grandit elle regarde vers le ciel et je la regarde parce que je sais que l’effort qu’elle fait est immense.

Au delà des frontières

Les spectacles s’enchainent et la demande se fait plus pressante aussi pour Cécile : qui entre temps a ouvert son association au nom de la danse à la Farlède chez elle à une 20 aine de kilomètres de Toulon. Mais cette passionnée ne s’arrête pas là. Amoureuse du Québec elle commence à dispenser là-bas aussi ses cours puis se met à former des professeurs pour que les chaussons ne retournent pas au placard quand elle reprend l’avion.

Des artistes avant tout

D’année en année le cercle s’agrandit mais Cécile se heurte à l’administration : « je parlais d’art on me répondait thérapie. Alors qu’eux voulaient être regardé comme des artistes à part entière. »

Ce dialogue de sourds épuise Cécile qui prend la décision de tout arrêter. C’est alors que réapparait dans sa vie Stéphanie Pilonca son amie d‘enfance. Les 2 femmes se connaissent depuis l’époque où elles jouaient les petits lapins en tutu rose. Venue par surprise assister au spectacle de Cécile, Stéphanie devenue réalisatrice la persuade de poursuivre : « Elle me dit il faut que je fasse un documentaire sur tes artistes tu ne vas pas rester dans l’ombre »

Une semaine plus tard Arte donne son go. Laissez-moi aimer est un formidable succès y compris à l’international. Suit un film pour M6 baptisé « apprendre à t’aimer » et enfin une série sur le point de sortir au printemps sur TF1.

Improviser avec le covid

La chorégraphe multiplie les aventures et pendant la période du COVID elle à réfléchi aux moyens d’aller encore plus loin : c’est désormais à toutes les formes d’art qu’elle souhaite donner la possibilité de s’initier. Avec le soutien de l’ADAPEI Var méditerranée elle ambitionne de donner aux jeunes en situation de handicap la possibilité de laisser libre cours aux artistes qui sommeillent en eux.

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