Femmes entrepreneures : le sentiment d’illégitimité

Céline André, déléguée générale de Femmes des Territoires
Femmes créatrices d’entreprise : rompre la solitude et gagner du temps !  

S’entourer, partager, échanger, s’encourager, parler business et trouver toutes les informations indispensables à un lancement d’entreprise, c’est cela que viennent chercher les membres du réseauFemmes des Territoires.

Visible a rencontré Céline André, déléguée générale de Femmes des Territoires, le réseau féminin en région qui regroupe celles qui se lancent ou n’ont pas encore franchi ce cap tout en y songeant fermement.

Quel est le constat initial, celui qui a poussé à la création de Femmes des Territoires ?

Le problème le plus important que rencontrent les femmes entrepreneures pour moi, c’est le manque de confiance. En fait, on ne se sent pas forcément légitimecréer son entreprise parce que dans tous les modèlesqu’on a, qui nous sont renvoyés par les médias et par la société, l’entrepreneur, c’est un homme ! On manque cruellement de rôles modèles.

Aujourd’hui, on a plus de rôles modèles féminins, mais on est sur du rôle modèle de Wonder Woman. C’est une femme entrepreneur qui a réussi, qui a quatre enfants, qui a 300 salariés, qui a monté sa start-up et en plus en général, elle est super jolie. On ne peut pas s’identifier à ces “Wonder Woman”. Il faut qu’on créede nouveaux rôles modèles, des femmes qui nous ressemblent, auxquelles on peut s’identifier pour se sentir autorisée à entreprendre.

Comment accompagnez-vous ces femmes ?

Ce qu’on va leur apporter, c’est déjà de se regrouper, de se relier entre elles, entre nous, dans cette sororité qui va nous permettre effectivement de se sentir légitimes à entreprendre. Effectivement il y a des moments de difficultés mais quand on est ensemble et que l’on mesure que ces difficultés, finalement, sont tout à fait normales, les partager avec d’autres permet de relativiser, de se dire “ce moment, il est difficile, je ne sais pas comment le résoudre, je suis un peu découragée, j’ai un doute.” mais ces doutes-là, ces découragements-là, ils sont complètement normaux.

Ne pas rester seule avec ses doutes, c’est votre recommandation et votre axe de travail ?

Pouvoir  partager avec ses pairs en sororité, ça permet vraiment de déverrouiller ses freins et d’avancer. On va proposer des ateliers sur toutes les thématiques qui vont intéresser une femme en création d’entreprise ou en développement de son entreprise. Par exemple, on va leur proposer des ateliers sur la communication, sur le marketing, le nerf de la guerre. Rechercher ses premiers clients, se faire connaître. On va leur proposer aussi des ateliers de postures, parce qu’on est une nouvelle entrepreneure et donc on va devoir apprendre ce nouveau métier, savoir pitcher, savoir s’entourer.

Et on va leur proposer aussi des ateliers sur le juridique, des ateliers sur comment trouver des financements, comment faire son business plan. Enfin, tout ce qui va intéresser l’entrepreneuriat. Nous, notre souhait, c’est de donner aux femmes toutes les infos qui vont leur permettre de créer leur entreprise dans les meilleures conditions.

Or, on constate au quotidien qu’elles sont souvent sous informées. On entend tous les jours. “Ah, je ne savais pas que ça existait.” Et on entend aussi tous les jours “Si j’avais su que ça existait.”

C’était une évidence, pour vous, de vous dédier à cette cause ?

L’aventure de Femmes des Territoires est une aventure absolument formidable qui fait qu’effectivement, moi, tous les matins, je me lève et je sais pourquoi je me lève. Je n’ai pas du tout de mal à me lever parce que tous les jours, on aide des femmes, on fait des choses qui ont du sens. On fait aussi bouger des lignes dans la société et ça, c’est important.

Interview Florence Dauchez
18 octobre 2023

Vous pourriez aussi aimer