Changer l’avenir des femmes afghanes

Hamida Aman, journaliste et fondatrice de Radio Begum

Il leur est interdit d’aller à l’école à partir du secondaire…

Il est aussi interdit d’aller à l’université. Il est interdit d’aller aux bains publics, d’aller au parc, faire du sport, travailler dans la fonction publique, de travailler dans les ONG. Il leur est interdit de voyager seules. Bref, tout est interdit. On leur laisse juste, à peine la place pour respirer. Et encore.

Hamida Aman, fondatrice de Radio Begum.
« C’est une radio qui a deux ans maintenant et qui diffuse depuis Kaboul et qui couvre une grande partie de l’Afghanistan. Les programmes de Radio Begum ce sont d’abord du soutien psychologique, des conseils santé, des conseils spirituels pour bien expliquer à nos auditrices quelle est la place des femmes, les droits des femmes en général pour qu’elles soient bien informées et armées, pour mieux se défendre.

La colonne vertébrale de notre radio, à côté de ces programmes-là, c’est l’éducation. 

Nous consacrons 6 h d’antenne pour enseigner les cours d’école du secondaire parce que les filles, sont interdites d’aller à l’école à partir du collège. Donc c’est le programme officiel du collège jusqu’à la terminale qui est enseigné.

La plupart de nos programmes sont des libres antennes et on reçoit des appels. Et au départ, on recevait beaucoup d’appels de mamans, de femmes, de mères de famille angoissées qui étaient inquiètes pour leur avenir, pour leur travail, et pour l’avenir de leurs enfants.
Mais là, actuellement, c’est de plus en plus des jeunes filles qui nous appellent, des jeunes femmes, des adolescentes qui n’en peuvent plus ! Ça fait 2 ans qu’elles sont privées d’école ! Avant cela, elles étaient privées d’école à cause du COVID, de l’insécurité, bref, ça fait quasiment 4 ans de scolarité, soit chaotique, soit inexistante. Et là, elles ne voient plus plus la fin du tunnel. Leur vie se résume à la maison, aux tâches ménagères, à rester entre 4 murs en permanence.
Le danger qui arrive, qui guette ces jeunes filles qui sont, qui n’ont plus d’avenir, qui n’ont plus d’école, qui n’ont plus de perspectives d’aller à l’université ou d’avoir une formation professionnelle, la seule perspective qui leur reste, c’est le mariage. Et nous assistons malheureusement de plus en plus à des mariages précoces, chose qui s’était un petit peu raréfiée ces dernières années, mais qui revient là au galop, surtout dans les provinces où les familles sont nombreuses, où les parents sont désespérés parce qu’ils ne peuvent plus subvenir aux besoins de leurs enfants et à les nourrir tout simplement.

Avec les ressources que nous avons, les ressources minières, je ne veux pas dire agricoles parce qu’elles sont quasiment inexistantes, parce qu’on subit des sécheresses énormes à cause du réchauffement climatique mais au moins nos minerais pourraient nous permettre justement d’atteindre une sorte d’auto-suffisance.
l’Afghanistan a toujours été le champ de bataille des autres conflits. Tout le monde venait se battre en Afghanistan. D’abord, ça a été les Soviétiques et l’Occident durant la guerre froide, durant les années 80. Ensuite, il y a eu l’ingérence des pays voisins, l’Iran, le Pakistan qui jouent un très grand rôle. Maintenant, avec notre grand voisin la Chine qui convoite aussi les minerais. Donc tout ça fait que, il y a en permanence un tiraillement et une ingérence qui fait que le pays ne trouve pas de stabilité.

Si vous voulez soutenir Radio Begum, vous allez sur HelloAsso, nous avons une page, vous faites Radio Begum et vous pouvez faire un don. Nous sommes actuellement présents sur plus de 12 provinces Et le but c’est d’essaimer un maximum d’antennes à travers le pays. » 

Interview Florence Dauchez 
Jeudi 25 mai 2023

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