Il faudra convaincre, dépasser les résistances
« Pour échanger avec les étudiantes que j’accompagne, elles me posent souvent la question :
‘ Oui, mais la place du télétravail sur ce type de fonction ? ’
Mais non, quand on est directrice d’une unité opérationnelle, le télétravail n’a pas sa place. »
Véronique Bruch est directrice d’établissement au sein de la plateforme de Roissy Hub PIC.
« On a des étapes dans la vie. Il y a des temps où on va être prêt et on a l’opportunité de consacrer du temps à l’activité professionnelle et d’autres moments où on est plus en retrait et je pense qu’il faut savoir aussi respecter son rythme. Quand mes enfants étaient en bas âge, j’ai eu des postes où je pouvais faire du télétravail et ça c’était fondamental. Aujourd’hui, j’ai deux ados ils se gèrent parfaitement. »
FD : Vous êtes Docteure en Sociologie et vous aimez surtout l’action !
« Au terme de ma thèse, j’avais plusieurs choix, intégrer le milieu de la recherche mais avec toujours l’insatisfaction de ne pas être dans l’action. Et moi, ce qui m’intéressait, c’était d’être dans l’action. C’est à un moment, je me suis dit tu prépares l’avenir, tu accompagnes à préparer l’avenir mais finalement l’impact au quotidien, ce n’est pas tangible et j’avais besoin à un moment donné de ça. »
FD : Vous avez quitté des fonctions siège pour devenir Directrice d’établissement ?
« Je pense qu’au siège, on est sur des temps longs, il y a la fois… il y a la gestion de ces temps longs où on prépare des projets. J’étais sur de la prospective, donc j’étais sur du moyen, long terme. Mais pour moi, il y avait une frustration, c’est au quotidien, finalement qu’est-ce que je fais pour les postiers ? Et j’avais besoin à un moment donné de me dire je vais agir pour faire le lien entre la stratégie du groupe et puis l’opérateur. Donc, il a fallu convaincre, faire… Quelqu’un qui, à la base est plutôt… a plutôt des études faites pour aller dans des postes “siège”, convaincre que c’est un poste opérationnel qui est ma voie, ça n’a pas été si simple que ça.
Cependant, j’ai trouvé des personnes au sein du groupe qui ont cru en mon projet qui m’ont permis de faire un tutorat aux côtés d’une directrice d’établissement. Et au terme de ce tutorat, on m’a fait confiance et on m’a confié un établissement, donc un établissement postal courrier où là j’ai eu cinq années extraordinaires et ça m’a confortée dans mon projet professionnel. »
FD : Aujourd’hui, vous menez une mission sociale majeure ?
« Roissy HUB PIC traite de tout l’Export, donc on a 850 agents. C’est une plateforme, on va dire stratégique puisqu’aujourd’hui tous les produits de l’export passent par cette plateforme. Une plateforme qui est actuellement en train d’avoir d’importantes transformations puisque les activités en nuit vont s’arrêter et on va passer à des activités en jour. Donc c’est pas moins de 230 agents qui travaillaient en nuit qui ont été accompagnés en jour.
Aujourd’hui, avec mon équipe de direction, ce sont nous-mêmes qui faisons les entretiens d’écoute de nos agents qui travaillent en nuit pour expliquer ces changements, pour expliquer quelle va être demain pour eux et pourquoi on mène ces opérations qui sont des opérations transformantes pour leur quotidien. Parce que ce sont des gens qui ont travaillé pour certains depuis 30 ans en nuit et que l’on va basculer sur une activité en jour. Donc ce n’est pas anodin par rapport à l’organisation personnelle, par rapport aux équilibres vie privée, vie personnelle. On mène ces grandes transformations, en accompagnant chacun et ça, c’est précieux. »
Interview Florence Dauchez
15 Juin 2023
