Elle a commencé jeune factrice à l’époque où l’on portait encore la sacoche et ou le courrier se triait à la main. Aujourd’hui, de retour dans sa région natale, Claudine Estève dirige le centre de tri de Saint-Giniès des Fontaines, et 9 autres établissements en région Occitanie, dont le plus éloigné est à Saillagouse, à 80 km qu’on atteint par des routes de montagne.
Interview par Raphaëlle Duchemin
Publié le 20/05/2022
Est-ce parce qu’elle a les yeux qui pétillent, ou grâce à son accent chantant, allez savoir pourquoi on est d’emblée à l’aise avec Claudine Estève. Elle a beau avoir des centaines de personnes sous ses ordres son goût des autres se lit dans son sourire. Et ce qu’elle va nous confier de son parcours va nous conforter dans notre première impression. « J’ai commencé à 21 ans, je venais de ma petite campagne d’un petit village proche d’Argelès sur mer. « A l’époque -poursuit- elle- autour de moi personne ou presque ne voulait monter à la capitale. »
Mais la curiosité de Claudine va être la plus forte : « J’ai connu dans mon village un receveur des postes ça s’appelait comme ça, qui m’a dit -il faut renter aux PTT il y a de l’avenir pour les jeunes. »
Il la guide pour qu’elle passe les concours et quelques mois plus tard claudien est recrutée : elle sourit en se remémorant ses débuts à Paris. Affectée dans le 13éme arrondissement- le quartier Chinois- elle avait un mal fou à distribuer le courrier.
Très vite Claudine comprend que si on est volontaire à La Poste on peut gravir les échelons : elle passe un premier concours pour devenir facteur de secteur. « C’est là dit- elle que j’ai commencé à découvrir le côté managérial animation qui m’a donné envie d’évoluer. » Les opportunités s’enchainent. Claudine part en Haute-Garonne et « c’est là dit-elle que ma vie professionnelle s’est déclenchée. » EN plus d’être motivée, elle trouve sur sa route des aides précieuses : « j’ai rencontré des patrons qui ont eu confiance ne moi et qui ont vu que j’avais envie de progresser.
Du coup Claudine se forme. Elle part aux saisies à Toulouse à 41 ans. Et passe un master. Non seulement le diplôme va la faire progresser encore plus vite mais il va aussi bluffer son fils qu’elle élève seule : « Il avait 17 ans à l’époque et il m’a dit maman si à ton âge tu peux passer un master il faut que moi aussi je réussisse ! »
Cette ascension palier après palier a aussi permis à Claudine d’avoir une autre approche du métier : j’ai beaucoup de collègues qui ont commencé cadres et moi j’ai commencé tout en bas de l’échelle mais je trouve que c’est une richesse parce que quand je parle aux facteurs je comprends ce qu’ils me disent. Elle n’hésite pas d’ailleurs à leur donner un coup de main quand il y a des périodes de rushs.
Ce métier dont elle connait les moindres échelons, Claudine l’aime et fait partager sa passion. Comme d’autres l’ont fait pour elle, elle veut pouvoir contribuer à faire monter les gens en compétences. « Ce que j’aime c’est que j’accompagne les gens à grandir : c’est une fierté quand on a un collaborateur qui nous dépasse.»
Et puis il faut aussi relever des challenges car l’activité courrier colis se transforme sans cesse.
« Il faut aller chercher de nouveaux services car la concurrence se développe dit-elle on travaille avec de ses petites entreprises, on livre des plateaux repas, on fait veiller sur mes parents. »
Sa curiosité inépuisable, elle espère encore pouvoir la faire partager : et dit d’ailleurs aux jeunes femmes de se lancer comme elle a osé le faire « Allez-y, découvrez . »