J’ai envie d’être là où l’impact se trouve

Elizabeth Tchoungui, directrice RSE, Diversité et Solidarité chez Orange
Travail, audace, confiance, après avoir été longtemps journaliste, Elizabeth Tchoungui est aujourd’hui Directrice exécutive RSE, Diversité et Solidarité du Groupe Orange. Où a-t-elle puisé sa force et son énergie ? Ses réponses ici pour Visible.

Interview par Raphaëlle Duchemin
Publié le 28 octobre 2021


« Je suis directrice RSE, Diversité et Solidarité du groupe Orange. Je suis écrivaine aussi et maman de deux charmants garçons. Je suis née à Washington, mon père était diplomate, il était ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis. J’ai grandi au Cameroun mais également dans les valises de mes parents, en Belgique, en Italie. Je suis arrivée en France, mon autre pays puisque je suis franco-camerounaise, après le Bac, pour faire mes études. Cette enfance nomade a été extrêmement précieuse pour l’avenir parce qu’à la fois le métissage culturel entre ces deux pays et tous ces voyages dans l’enfance m’ont donné le goût des autres, une curiosité insatiable et un grand sens de l’adaptation. Cette agilité m’a beaucoup aidée dans mon parcours professionnel par la suite.

Mon père est le premier membre de sa famille à avoir réussi.

Il est né dans les années 30, dans la forêt camerounaise. Enfant d’agriculteur, il est allé à l’école des missionnaires. Il y a obtenu une bourse pour poursuivre ses études en France, au  stade du collège. Il est arrivé sur le paquebot Mermoz en 1947 et,de fil en aiguille, Sciences Po, l’ENA. Il aurait pu être sous-préfet en Corrèze ! C’était la première affectation qu’on lui proposait. Il a choisi de rentrer au Cameroun au moment de l’Indépendance. Ma mère aussi est fille d’agriculteur dans le Tarn. Elle a aussi été la première de sa génération à faire de grandes études puisqu’elle a été élève à l’École Normale.

Il y a eu peut être une forme d’exigence et d’excellence qu’il a fallu dépasser. Quand on a un parcours scolaire assez facile, au premier obstacle, et les obstacles sont arrivés au moment des études et de l’entrée dans la vie professionnelle, si on n’est pas armé pour l’échec, on peut vite perdre pied.



Il faut apprendre à tomber dans la vie parce que c’est utile quand on sait gérer la chute.

Au début de mon parcours professionnel, je ne savais pas tomber. Quand je sors de la meilleure école de journalisme de France major de ma promo télé, je suis assez confiante pour la suite et je me heurte très vite à la réalité de l’open space d’une grande chaîne de télévision au milieu des années 90. J’étais la plus jeune de la rédaction, j’avais 21 ans, j’étais une femme et puis, surtout, j’étais la seule femme métisse. Et donc là j’ai pris une grosse claque. 

Il y a des épreuves qui marquent.

Moi, l’épreuve qui m’a transformée, c’est clairement le parcours pour mon fils.

Mon fils qu’un médecin fou voulait enfermer en hôpital psychiatrique à 4 ans et demi, il a aujourd’hui 12 ans et rentre en quatrième, avec certes un accompagnement, des adaptations. J’ai soulevé des montagnes pour lui et une fois que l’on soulève des montagnes avec un résultat positif, ça donne une force incroyable. Ça donne une force pour aller postuler pour un job qui n’est pas dans son secteur, au sommet de l’organisation d’un grand groupe international. Je pense que je n’aurais jamais eu le courage et l’audace de postuler. C’est moi qui suis allée chercher ce job. Ce job, j’en rêvais, ce job, je l’ai demandé. Quand j’ai posé ma candidature, il y avait 999 chances sur 1000 pour qu’on me dise non et ça n’aurait pas été grave, personne n’en serait mort. Et Stéphane Richard a dit oui. 

Aujourd’hui, j’ai envie d’être utile. J’ai envie d’être là où l’impact se trouve et c’est le cas. 

Il y a tant d’enjeux sur le numérique, si présent, et qui le sera encore plus demain, des enjeux sur le Cloud, la data, l’IA, où les femmes sont peu présentes. Si on n’accompagne pas les femmes vers ces métiers-là, c’est notre objectif à travers de nombreux dispositifs, la moitié de l’humanité restera sur le bord de la route. Or ce n’est pas possible. 

Et puis, il faut penser aussi à l’héritage qu’on transmet aux enfants. Je veux leur léguer une planète respirable. Je veux être dans l’action sur ces sujets. Si j’avais un message pour les petites filles et les jeunes filles, je leur dirais ceci : toutes les voies sont possibles, il faut du travail, de l’audace et de la confiance. »

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