Vouloir changer les règles dans tous les sens du terme

130 000 jeunes filles en France ne se rendent pas à l’école pendant leurs règles faute de pouvoir acheter les protections. Une source d’inégalité immense pour Gaële Le Noane qui a choisi de quitter son métier d’orthophoniste pour se consacrer désormais à la lutte contre cette forme de précarité. 

Notre rencontre avec Gaële Le Noane

Elle nous donne rendez-vous dans une grande entreprise où elle vient installer son nouveau distributeur de tampons et de serviettes. 

Retour en 2018: elle investigue pour trouver un fournisseur fiable de produits green. Ce sera Natracare en Grande Bretagne. Sa fondatrice qui partage les mêmes valeurs, accepte le deal: elle lui fournira de quoi remplir ses distributeurs gratuits.

Pour Gaële, c’est parti : elle dessine des prototypes et fait breveter son système. 

« L’idée un peu folle consistait à rendre ces produits gratuits dans les établissements scolaires et partout où il y a des toilettes. »

L’aventure début d’abord en Bretagne. Les établissements scolaires lui font rapidement confiance. Très vite, Gaële est submergée par les demandes: Les mairies, les CCAS (Caisse centrale d’activités sociales) souhaitent installer ses distributeurs. A la fin de 2019, en l’espace de 4 mois, 100 distributeurs ont été installés dans 25 lieux: collèges, lycées et universités.

« Je suis intimement persuadée qu’une fois que ce sera moins tabou, les femmes auront une place différente dans la société. »

La présence de papier toilette dans les toilettes est une évidence, on ne demande pas aux enfants de venir en classe avec leur papier toilette. Même évidence en entreprise, personne ne vient travailler en apportant du papier toilette. Cette pratique est déjà en place en Europe, par exemple en Ecosse, depuis 2021 le gouvernement a adopté la gratuité pour toutes les Écossaises des protections hygiéniques et les met à disposition dans les établissements scolaires et universitaires.

Mettre en place un tel dispositif concernerait 15 millions de personnes. Cette gratuité s’élèverait pour l’état à 30 ou 40 millions par mois. 

« De mon point de vue, c’est un budget qui n’est pas énorme et qui permettrait de régler cette inégalité. »

En parallèle de se libre accès, Gaële Le Noane porte aussi un combat pour des serviettes et tampons plus écologiques et également respectueux du corps, c’est-à-dire des produits bio et éco-responsables. 

« Il était hors de question pour moi de prendre du faux bio, je n’allais pas changer de vie pour faire les choses à moitié. J’ai trouvé une association dont je serai mécène. Je donnerai une partie de mon chiffre d’affaires en produits pour les femmes SDF. »

A ce jour le modèle est en croissance voire en hypercroissance, Marguerite et compagnie est présente dans 900 lieux en France et dans 7 pays étrangers. 

« Nous sommes proches du million de bénéficiaires. »

Retrouver le site de Marguerite & Cie en cliquant ici

Interview par Raphaelle Duchemin
Publié le 1/09/2022