Les Guerrières de la Paix, un documentaire qui devient le nom d’un mouvement de femmes pour promouvoir la paix entre les communautés.
Visible a rencontré Hanna Assouline, sa réalisatrice.
Interview par Florence Dauchez
Publié le 09/05/2022
FD : – Vous avez réalisé votre documentaire Les Guerrières de la Paix en 2016, c’est aussi le nom que vous avez choisi pour l’association que vous venez de créer. D’où est partie l’idée ?
HA : – C’est exact, depuis peu, avec un groupe de femmes, nous avons lancé ce mouvement qui s’appelle Guerrières de la paix, un mouvement de femmes contre le racisme et l’antisémitisme. Le point de départ de cette initiative remonte à mai 2021, il y a eu alors un regain de tension très, très fort dans le conflit israé-palestinien, qui a eu des répercussions sur nos quotidiens à nous, en France.
Et donc, à ce moment là, on était toutes en train d’étouffer au milieu des posts sur les réseaux sociaux, tous plus virulents les uns que les autres, des assignations à faire bloc dans des camps, à être dans des appels à la haine, etc Et nous, on se retrouvait un petit peu orpheline au milieu de tout ça, on se disait mais c’est pas possible, il n’y a pas une voix qui peut émerger au milieu de tout ça, une voix un peu plus nuancée.
Et c’est de là qu’est parti ce mouvement.
FD : – Vous vous êtes inspirées su mouvement Women Wage Peace ?
HA : -J’ai réalisé en 2016/2017 un documentaire qui portait sur l’action de femmes israéliennes et palestiniennes qui font partie du mouvement Women Wage Peace : des femmes se battent pour la paix en Israël, en Palestine. Or ces femmes viennent de la société civile et certaines d’entre elles n’avaient jamais milité auparavant. Elles ont fait le constat qu’entre femmes, on a des aspirations qui sont communes, on a des espoirs qui sont les mêmes, on a des craintes qui sont les mêmes et on doit pouvoir se rassembler autour de ce petit dénominateur commun qui en fait n’est pas du tout petit, au contraire, il est énorme et offre une base pour construire ensemble et se détacher des oppositions politiques, partisanes qui nous empêchent de nous parler.
FD : – En quoi va consister votre action ?
HA :- Il y a cette idée de mise en lumière du combat d’autres femmes et d’être les relais de celles qui justement sont parfois trop invisibilisées alors qu’elles sont alors qu’elles déplacent des montagnes et qu’elles méritent toute notre lumière.
Nous avons pour objectif de remettre de la lumière sur ce qui nous rassemble, de rendre visible des femmes qui ont des combats admirables et qui méritent toute notre attention, tout notre soutien. Pour ça, on va aussi mener un vrai travail sur les réseaux sociaux avec ce qu’on appelle notre propagande de la paix, c’est-à-dire qu’on veut et à la fois être le relais d’initiatives positives, mais aussi produire du contenu via des podcasts, via des portraits de femmes vidéos.
On a commencé déjà avec ce petit groupe qui s’est constitué de manière assez spontanée à créer des espaces de dialogue entre nous, des espaces de dialogue tolérant, ouvert où il est possible de ne pas être d’accord, d’argumenter, de s’écouter.
Et ce qu’on s’est dit, c’est qu’il y avait une vraie nécessité, particulièrement dans la situation actuelle, de grande crispation, de grande tension, d’essaimer justement ce désir de dialogue qu’on a appliqué à notre petit groupe, à l’ensemble du territoire, en multipliant ces espaces de dialogue, donc en créant des lieux comme ça où il est possible que des femmes qui parfois sont vraiment dans des oppositions, même parfois fortes sur leurs idées, puissent se parler, s’écouter, chercher des solutions ensemble. De se dire qu’il y avait une vraie nécessité à pouvoir faire un front commun de femmes qui, malgré leurs divergences, peuvent se dresser ensemble contre les haines et contre tout ce qui nous divise.