Il ne faut pas hésiter à foncer

Hélène Saint-Gilles, directrice d’établissement de La Poste.

Visible, en partenariat avec La Poste, a rencontré Hélène Saint-Gilles, directrice d’établissement en Seine et Marne. Audace, volonté et humanité illustrent son parcours professionnel et l’ont conduite à manager aujourd’hui une équipe de 400 personnes.
Interview par Florence Dauchez
Publié le 29/04/2022

FD : Vous êtes manager depuis plusieurs années, comment avez-vous ?

HSG : Prendre des responsabilités, avoir un rôle de manager comme ça, c’est un rôle de chef d’orchestre. Vous avez la responsabilité et vous avez des objectifs à atteindre. Mais vous en avez les moyens puisqu’on vous donne un certain nombre de moyens.

Par exemple, toutes les voitures sur le parking, ce sont des moyens qu’on nous donne ainsi que des moyens en personnel. Moi, ce que je trouve intéressant dans ce job, ce qui donne finalement confiance en soi, c’est qu’en ayant la technique, les moyens et des objectifs à réaliser, on voit vraiment votre valeur. Et c’est ça qui est intéressant : on vous donne les clés du camion pour y aller.

Après, vous en faites ce que vous voulez. Vous pouvez réussir, ne pas réussir, avoir divers problèmes, mais au moins, vous n’êtes pas dans un rôle passif. Vous êtes très actif.

FD : Qui a été votre figure inspirante ?

HSG : Souvent le premier manager marque. Et effectivement, quand je suis rentrée dans l’entreprise, il y avait un DRH qui était jeune comme moi et qui était quelqu’un d’inspirant.

Il avait une exigence énorme mais par contre, tous les matins quand il arrivait, je précise qu’il avait la responsabilité d’un service de 200 personnes, il allait serrer la main de chaque personne tous les jours. Et moi, ça m’a marquée pour mon premier job. Je me suis dit : il prend le temps, lui qui a une fonction importante, d’aller serrer la main de tout le monde.

FD : Avez-vous été impressionnée par ces nouvelles responsabilités et si oui, sur quels points?

HSG : Au début ça m’a impressionnée un peu quand il fallait prendre la parole devant des assemblées de facteurs qui peuvent atteindre plusieurs centaines de personnes. Oui, il faut y aller, il faut s’imposer. Il faut avoir une voix qui porte et surtout, il faut qu’on vous écoute. C’est surtout ça. Par exemple, on parle tous les jours des accidents du travail,

s’ il y en a eu, parce que c’est important la valeur humaine chez nous, on ne vient pas au travail pour se blesser. Et effectivement, on aborde tous ces points-là qui font que la journée sera réussie, la leur d’abord, mais si leur journée est réussie, la nôtre est réussie aussi. Et je parle de 300 personnes, 350 qui sortent tous les jours dans la rue six jours sur sept !

Vous imaginez le nombre de choses qui peuvent se passer ? Il y a des choses qui se passent tous les jours avec autant de personnes, autant de sites.

FD : Vous aviez déjà une formation solide en rejoignant La Poste, avez-vous souhaité compléter votre cursus?

HSG : J’ai fait des études de droit, un DESS de droit bancaire et financier. Oui, j’ai eu de nombreuses formations au sein de La Poste, tant des formations techniques que des formations sur le savoir être, ou encore savoir comment réagir dans certaines situations.

Cette entreprise nous le permet et nous offre ces cursus. Il y a des cursus d’ailleurs beaucoup plus complets qui sont aujourd’hui proposés et qui sont une vraie aide justement pour accéder à ces fonctions de management.

FD : Avez-vous constaté qu’il est parfois plus difficile pour une femme d’évoluer sur le plan professionnel ?

HSG : Je me suis rendu compte que dans certains métiers il y avait effectivement plus de difficultés que dans d’autres. Et d’ailleurs, ma plus grande, Victoria, qui a 19 ans, a choisi de faire un bachelor en programmation et elle est la seule fille dans sa section. Je pense qu’elle m’a toujours vue me lever le matin et aller au combat. En fait, elle sait puisqu’elle nous a entendu parler avec son père que des fois, ça n’a pas toujours été facile, mais elle dit toujours « Maman, elle y va le matin ».

FD : Quel conseil pourriez-vous donner aux jeunes femmes qui seraient attirées par un poste de manager ?

HSG : Je dirais aux jeunes femmes qu’à partir du moment où elles ont confiance en elles,

ou même si elles n’ont pas encore confiance mais qu’elles savent ce qu’elles veulent, il ne faut pas hésiter à foncer. Parce que de toute façon, à un moment donné, même si au début il y a des réticences, leur compétence va s’imposer, c’est certain. A partir du moment où il y a tout le fond, où il y a l’envie et où il y a effectivement l’enthousiasme, elles vont y arriver. Ce ne sera pas toujours facile certaines fois mais elles vont y arriver.

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