Il faut plus de femmes entrepreneures 

Soumia Malinbaum, élue présidente de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris

L’entrepreneuriat, elle en connait les satisfactions et les tourments pour avoir été entrepreneure elle-même pendant des années. Membre du comité exécutif du Medef, Soumia Malinbaum est la 2ème femme élue présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris. Rien d’étonnant à ce que l’une de ses priorités consiste à soutenir les créatrices d’entreprise dans un environnement qui n’est pas encore taillé pour elles.

Interview Florence Dauchez
14 mars 2023

FD : Pourquoi vous semble-t-il important de booster l’entreprenariat féminin ?

SM: La moitié de la population est composée de femmes. Donc il ne s’agit pas de prendre la place des hommes quand on crée une entreprise, il s’agit d’augmenter le nombre de femmes qui entreprennent. Et donc, si on veut une économie non pas de décroissance mais de croissance durable et pérenne, il faut qu’il y ait plus de femmes qui entreprennent. Parce que les femmes conscientisent bien mieux l’enjeu de durabilité des organisations que les hommes. Je le dis et je l’assume.

FD: Comment allez-vous aider les femmes entrepreneures ?

SM: Il n’y a pas d’égalité réelle aujourd’hui, elle n’existe pas. Il n’y a pas d’égalité factuelle entre les hommes et les femmes. Donc on va les aider, on va les tutorer, on va les mentorer, on va les soutenir pour qu’elles arrivent à passer le cap des trois ans, notamment sur le sujet du financement. Parce que vous savez, c’est une réalité qu’elles accèdent trois fois moins au financement que les hommes quand elles veulent lever de la dette, quand elles veulent présenter un projet. Et ça, le monde bancaire, le système financier le savent.

FD: Qu’est-ce qui vous a menée à l’entreprenariat ?

SM: C’est en faisant des études de droit, pour financer mes études à Assas que je suis rentrée dans une société d’informatique comme standardiste et télexiste. J’ai été repérée, probablement par un des dirigeants qui m’a proposé de m’embaucher pour travailler dans le secteur pour acheter et vendre des ordinateurs. La partie commerciale, puisque j’ai commencé par faire du commerce, c’était une manière aussi de s’exonérer d’un certain nombre de choses et de pouvoir, puisqu’en fait si on réussissait, si on gagnait des projets tout de suite on devenait légitime.

FD: Avez-vous toujours été engagée pour l’égalité femmes-hommes en entreprise ?

SM: C’est vrai que les premières années, quand j’ai créé mon entreprise, j’étais focalisée sur la réussite et la pérennité de mon entreprise. Et c’était extrêmement difficile d’aborder des sujets de femmes dans un monde qui était vraiment masculin. Mais de bout en bout et avec les codes culturels, les codes économiques, tout était pour les hommes, par les hommes.

FD: Comment rechargez-vous les batteries ?

SM: Je dors, c’est super important ! Parce que les problèmes arrivent en flot tout le temps, ce ne sont que des problèmes. Je pense que l’entourage aussi est extrêmement important, l’entourage familial, pour nous booster, pour parler aussi… Parce qu’on doute en permanence, le doute nous anime tout le temps mais ce n’est pas parce qu’on doute qu’on n’agit pas. Et en fait, j’ai agi, j’ai créé une entreprise que j’ai dirigée quinze ans.

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