Investissons dans les entreprises fondées par les femmes

Solène Madec, fondatrice de l’agence Belle a co-fondé Leia Capital

3000 milliards de dollars, c’est le montant de l’épargne des femmes dans le monde.
De l’argent qui souvent dort. « Les femmes ont insuffisamment conscience qu’elles pourraient investir leur argent autrement, avec un impact et une rentabilité plus forte. »
C’est à partir de ce constat que Solène Madec, fondatrice de l’agence Belle a co-fondé Leia Capital, le fonds d’amorçage qui investit dans des entreprises créées par des femmes.
Qu’est-ce qui se joue ? C’est à la fois un enjeu pour l’économie et la société. 
« 25 % des startups sont créées par des femmes. Or, elles ont accès à seulement 2 % du financement. Les entreprises vont avoir la responsabilité d’adresser la transition écologique, la transition alimentaire, la transition énergétique, les sujets sur la ville, les sujets sur la mobilité. On ne peut pas décider que seule la moitié de la population dessine ces entreprises »

Solène Madec partage son expérience et son engagement…

Interview Florence Dauchez
30 mars 2023

FD : 3000 milliards de dollars : le montant de l’épargne des femmes dans le monde. Comment l’expliquer ?
SM : La majorité des gens et des femmes ont de l’argent qui dort, donc un Livret A, j’ai ouvert une assurance-vie mais je ne me rappelle plus comment ni combien. Elles ont insuffisamment conscience qu’elles pourraient mettre leur argent ailleurs, avec en effet une rentabilité plus forte. Donc c’est à la fois éduquer sur le fait qu’il n’y a pas que les solutions du banquier ou l’immobilier, il existe autre chose, et c’est pour ça qu’on doit aussi développer l’investissement féminin pour montrer qu’il y a d’autres potentiels. Et il y a briser le plafond de verre parce que la majorité des entrepreneures ont des difficultés à lever des fonds, les entrepreneures femmes, ce qui n’est pas normal. 25 % des startups sont montées par des femmes, elles ont accès à 2 % du financement.

FD : Quelle est la mission de Leia Capital ?
SM : On a une vraie logique d’investir, d’identifier des projets sur lesquels on se dit qu’on va faire un effet levier. On a des choses extrêmement variées. Donc oui, j’ai pu parler de décoration, mais j’ai pu parler de sécurité dans des lieux sensibles, donc, le sujet c’est trouver des femmes exceptionnelles qui ont des projets de dingue et qu’on se dise Wow, on croit en elles, et je suis sûre que ça va marcher !

FD : Booster la création d’entreprise par des femmes, quel enjeu ?
SM : L’économie de demain, on le sait va avoir énormément de responsabilités. On le voit, le transfert de responsabilités entre notamment les gouvernements, les États et les entreprises. Aujourd’hui, il y a quand même certaines entreprises mondiales qui sont plus puissantes que certains États. Et elles vont avoir comme responsabilité d’adresser la transition écologique, la transition alimentaire, la transition énergétique, les sujets sur la ville, les sujets sur la mobilité. On ne peut pas décider que seule la moitié de la population dessine ces entreprises. C’est pas possible !

FD : Vie d’entrepreneure + vie familiale = toujours un sujet ?
SM : Moi, il y a quelqu’un qui m’avait donné un très très bon conseil : entre 30 et 40 ans, on a souvent envie de laisser tomber. Par contre, si vous tenez, après 40 ans, vous aurez la monnaie de votre pièce, et c’est vrai ! Donc il faut fermer ses petites oreilles, se dire qu’on essaie de faire au mieux. Et puis surtout, à un moment donné, la lumière au bout du tunnel, les enfants grandissent, on a plus de temps, ils sont plus autonomes, on se connaît mieux, puis il y a du temps qui se libère, et puis la joie que, par exemple, je suis devenue entrepreneure l’été dernier, des gens ont cru en moi, j’ai une super équipe, j’ai des super associées, donc c’est possible. C’est important en coulisse aussi d’avoir une bande de supportrices réciproques, en se disant : – allez chouchou, tiens…ça va aller ! Et donc voilà, moi, j’ai eu la chance d’avoir ces femmes-là, j’espère que je peux donner le même conseil à d’autres. Mais la qualité de notre entourage est déterminante.

FD : Ça valait la peine ?
SM : Ah ouais, ça vaut la peine, je referais mille fois !

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