A fond la Tech !
Ingénieure ? Pas du tout. Isabelle Saffar est l’une des entrepreneures pionnières dans le secteur de la Tech. Elle a cofondé deux entreprises de software – Cegape, leader sur le marché et Smilein . Sa formation en école de commerce ne la destinait pas d’emblée à explorer ce secteur, c’est en identifiant un besoin, auquel la Tech pouvait apporter une réponse, qu’Isabelle Saffar s’est engagée dans cette branche d’activité.
Comment a t-elle procédé, quelle a été son approche ? Elle nous transmet son expérience.
Interview menée par Florence Dauchez
Publié le 02 février 2022
« Souvent, il y a 25 ans environ, les femmes présentes dans la Tech se trouvaient surtout sur des fonctions support ou dans le marketing, la communication. Les démarrages de mon entreprise ont été compliqués, on se pose toujours beaucoup de questions, c’est un peu le doute naturel de l’entrepreneur. Je suis partie d’un petit embryon, je ne suis pas partie exactement « from scratch » puisqu’il y avait une idée de départ à laquelle nous avions apporté un premier développement pour une grande maison qui est la RATP.
Et puis surtout, j’ai foncé, je ne me suis pas posé beaucoup de questions.
La vie, c’est souvent un concours de circonstances. Je travaillais dans une petite ESN, c’est-à-dire une entreprise de services numériques et puis il y a eu un besoin spécifique qui a émané. De là est né le projet de créer mon entreprise dans l’édition de software. A l’époque, on ne parlait pas encore de startup.
J’ai démarré seule cette activité en 1996 accompagnée d’un ingénieur développement. Cette entreprise est devenue leader en dix ans en France, sur le secteur public. C’était une entreprise, un produit de niche. Elle existe toujours.
Ne pas être ingénieure n’a pas été un obstacle.
Je me suis décomplexée tout de suite par rapport à ça.
Moi, je suis plutôt orientée business developpement. Mon objectif, consiste à comprendre le métier, comprendre les attentes des clients puis, ensuite, effectivement, sur les aspects techniques, je vais me reposer sur le directeur technique ou sur un ingénieur avant-vente, qui va savoir parler technique. Moi, je vais rester plutôt sur les aspects fonctionnels, métier, sur l’argumentaire, etc… Ensuite, effectivement, ce qui est important, c’est de
pouvoir passer le relai et de s’appuyer sur des compétences complémentaires.
Quand vous dirigez une entreprise, vous ne pouvez pas être un expert dans tous les domaines. J’en suis à ma deuxième société que je crée, j’ai remonté une startup toujours dans le software.
Le software, c’est l’édition de logiciels. Je suis plutôt dans le secteur du logiciel de gestion. Aujourd’hui, la société que je préside, qui s’appelle Smilein, c’est sur un tout autre domaine mais toujours en lien avec le logiciel métier. J’adresse
le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et de l’événementiel :
les clients vont pouvoir directement via un QR code regarder le menu, commander, appeler le serveur, accéder à des vidéos du contenu.
J’ai traversé des périodes un peu compliquées à titre personnel, j’ai eu un divorce extrêmement compliqué comme beaucoup de femmes peuvent en vivre. Pendant deux ans, j’ai été business angel puis j’ai décidé de rechercher du travailet donc je suis rentrée dans une grande entreprise informatique,un des premiers groupes informatiques. Je me suis retrouvée parfois face à des situations compliquées.
Quand vous êtes une femme dans la Tech, il y a beaucoup de préjugés. Parfois, vous avez malheureusement aussi des jalousies.
Mais quand on n’a pas le choix, on serre les dents. J’avais un ami prof de boxe qui me disait :- Isa, tu serres les dents. Donc je serrais les dents et j’ai fait mon petit bonhomme de chemin.
Avec le temps, ces périodes que j’ai traversées m’ont vraiment renforcée.
Bien évidemment, je suis quelqu’un de plutôt optimiste et fonceuse, je me dis toujours qu’à un moment ou un autre il y aura la lumière au bout du tunnel. Quand elle est trop loin, je mets juste un pas devant l’autre, un pied devant l’autre.
Je crois aussi qu’il y a une culture de la réussite, je crois aussi qu’il ne faut pas avoir peur des échecs parce que, justement, on se relève de ses échecs. Et puis, ce n’est pas la fin du monde.
Et je pense énormément que quand on est déterminé, on se conditionne au succès. »