« J’ai dit non, c’est trop ! Je dois faire quelque chose contre les mariages précoces » Theresa Kachindamoto 

Theresa Kachindamoto est une cheffe traditionnelle du district de Dedza au Malawi.

Son nom de famille signifie « ne joue pas avec le feu » : Theresa Kachindamoto défie les pratiques culturelles de son pays en luttant pour le droit des filles au Malawi.

Depuis son intronisation en 2003 en tant que première femme cheffe de district, Theresa Kachindamoto s’est donnée pour mission de protéger les jeunes filles des traditions violentes et rétrogrades du Malawi : mariages forcés et précoces, grossesses adolescentes et déscolarisation.

Les chiffres concernant les droits des filles malawiennes sont alarmants : 46% d’entre elles sont mariées avant 18 ans et seulement 35% ont accès à l’éducation que la plupart abandonnent vers 12 – 13 ans. Le Malawi étant l’un des pays les plus pauvres du monde, les parents préfèrent se décharger de leur(s) jeune(s) fille(s) en les mariant plutôt que de les envoyer à l’école. Grâce à son réseau de chefs locaux signalant les cas de mariages forcés, Theresa Kachindamoto a réussi à annuler plus de 2 500 mariages de mineurs et à renvoyer les enfants à l’école. Des systèmes de crèches ont également été mis en place afin de permettre aux jeunes mères de continuer à étudier. C’est finalement en 2017 qu’une loi interdisant le mariage précoce sans dérogation est promulguée grâce à l’activisme de Theresa Kachindamoto. 

Mais, la plus grande difficulté reste la déconstruction des mentalités et des comportements du Malawi. Certaines pratiques du pays sont, en effet, particulièrement violentes et reflètent le cadre d’une société résolument patriarcale : lorsque les jeunes filles atteignent la puberté, leurs parents louent les services d’un homme plus âgé appelé « hyène », imposant un rapport sexuel de force afin de les purifier et les préparer au mariage.

Les nombreuses dénonciations de Theresa Kachindamoto à propos de ce rituel, notamment à cause du risque sanitaire des maladies sexuellement transmissibles, ont permis de déboucher sur une loi nationale en 2013 interdisant cette tradition. 

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