Solidaires avec l’Ukraine

Katerina et Tatiana

Solidaires avec l’Ukraine

Katerina et Tatiana sont ukrainiennes, elles ont choisi l’action pour tromper l’angoisse. Elles ont crée l’association Action 2 Coeurs, organisent des collectes destinées aux familles plongées dans la guerre. Visible a recueilli leurs témoignages

Interview par Sophie Déroulède
Publié le 9 mars 2022

Tatiana :
– Il y a beaucoup de gens qui viennent avec les yeux mouillés, qui pleurent, qui ne disent rien. Ils donnent des sacs, ils nous tiennent les mains, ils nous disent « nous sommes avec vous. »

Katerina :
– Quand on est ici, dans cette ambiance, avec les gens, on essaie d’être utiles. On sait qu’on est forts ensemble. On a commencé toutes les deux et là on est une grande équipe. Il y a beaucoup de gens et c’est vraiment une famille parce qu’on travaille ensemble. Tout le monde essaie de faire quelque chose, d’aider et c’est vraiment incroyable. On aide pour l’Ukraine, tout le monde aide, mais, je pense que pour nous, c’est une grande chose aussi parce qu’on est contentes d’être ici, de ne pas être en Ukraine mais on fait quelque chose pour notre pays. On ne veut pas croire que c’est vrai, que c’est la réalité. Hier, j’ai reçu un message d’une fille dans mon église en Ukraine, elle a perdu son frère hier. Il y a trois jours, mon mari est parti pour chercher ma sœur. Ils sont rentrés, ils sont très stressés. Ils ne parviennent pas à manger. Les enfants réagissent à n’importe quel bruit. Ils ont peur. Quand il y a des avions, ma sœur est en alerte, elle a peur. Ici, ce sont des avions avec des voyageurs, chez nous, ce sont des avions qui tuent des gens.

Katerina :
– C’est compliqué de se réveiller chaque matin avec des appels de ses parents et cette question : -est-ce que vous allez bien ? Est-ce qu’il y a eu une sirène cette nuit ? C’est vraiment compliqué. Chaque soir on leur dit bonne nuit et quelques minutes après ma mère m’appelle :
–  » il y a plein de sirènes, on doit essayer de se cacher dans une cave ou n’importe où parce que c’est tellement grave. »

Ça fait peur, ça fait peur, ça fait très peur.

Tatiana :
– La famille de mon mari aussi, ma belle-mère et mon beau-père, ont toujours beaucoup voyagé. Ils ont l’habitude de quitter le pays mais cette fois ils ont dit ; – « non, on va pas quitter notre pays parce que si on part, qui est-ce qui va aider ? »
Chaque nuit, il y a 60 personnes qui dorment chez eux, qui mangent et qui quittent le pays. Ce n’est pas facile de tout expliquer, ce n’est pas possible de tout traduire en mots. Quand on fait des tris, ici, on oublie un petit peu. Hier, on m’a montré une vidéo, ce n’est pas loin de là où j’habitais. Dans un parc où il y a des manèges pour les enfants, il y avait une petite voiture pour jouer, assez grande pour entrer dedans comme une petite maison. Les sapeurs-pompiers ont trouvé une petite bombe qu’ils ont désactivée. C’est- à-dire que si ma fille était entrée, elle aurait pu mourir.

Katerina :
– Moi, quand je suis venue en France, j’ai travaillé dans une famille russe, j’étais baby-sitter. On avait vraiment une super relation, c’était comme ma deuxième famille. Vraiment. Et même là, je ne pense pas que ce soient de mauvaises personnes. Je pense que c’est plutôt politique. Même s’il y a beaucoup de gens qui suivent les yeux fermés, il y a beaucoup de gens qui sont contre tout ça.

Tatiana :

– On a besoin d’affaires de première nécessité, de la nourriture, parce qu’on a déjà beaucoup de vêtements, il faut beaucoup plus de nourriture, des couches bébé, de la nourriture de bébé et des médicaments. Aussi des sacs de couchage, des lampes de
poche. Notre président aujourd’hui dit qu’on va faire tout ce qu’on peut jusqu’à la gloire. C’est très fort. Notre pays, c’est quelque chose d’incroyable. Tout le monde savait qu’il existait, la petite Ukraine, maintenant, ils savent que l’Ukraine et les ukrainiens, sont très forts. On est forts ici, dans notre esprit !

Katerina:
– Gloire à l’Ukraine

Tatiana :
– l’Ukraine vaincra !

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