La seconde main pour une seconde chance

Maud Sarda, co-fondatrice et directrice générale du Label Emmaüs
Les fêtes de Noël seront-elles responsables et solidaires ? 

Maud Sarda, co-fondatrice et Directrice générale du Label Emmaüs milite pour une sensibilisation à la seconde main dès le plus jeune âge, c’est à dire dès l’âge des jeux. 
Sous son impulsion, la plateforme digitale Label Emmaüs a vu le jour en 2016.

Le principe est identique à la celui de la vente physique : vous donnez un produit qui sera mis en vente sur Label Emmaüs ensuite le fruit de la vente viendra nourrir le projet d’impact d’Emmaüs, c’est-à-dire l’insertion de personnes éloignées de l’emploi.

Ainsi, Label Emmaüs est un projet coopératif et non lucratif, solidaire, éco-responsable et innovant puisque cette marketplace utilise seulement les avantages du e-commerce en refusant par exemple une livraison express et non éthique.

C’est également dans cette perspective qu’Emmaüs Défi organise chaque année Le Super Noël afin de permettre aux familles les plus précaires d’offrir à leurs enfants des jouets quasiment neufs à prix bas. Un moyen de leur permettre de célébrer Noël « comme les autres ».

 
D’ailleurs, Emmaüs c’est quoi exactement ?

À l’origine, Emmaüs est le nom donné à une auberge de jeunesse internationale fondée par l’abbé Pierre et Lucie Coutaz en 1949. Cette appellation renvoie à un épisode biblique mettant en scène deux pèlerins rencontrant le Christ après sa résurrection sur la route d’Emmaüs, près de Jérusalem, lui offrant l’hospitalité.

Les ravages de la Seconde Guerre mondiale poussent l’abbé Pierre à voyager à travers le monde notamment en Amérique du Sud, en Europe du Nord, en Asie et en Afrique afin d’y donner des conférences et partager les valeurs du mouvement. Par la suite, l’association Emmaüs International est créée en 1971 afin de fédérer l’ensemble des groupes Emmaüs présents dans 41 pays.

 

Interview Florence Dauchez
Le 20 décembre 2022

MS : « Quel plus beau cadeau on peut faire à un enfant qu’un cadeau de seconde main à Noël.
On peut acheter deux, trois, quatre jouets de seconde main pour le prix du neuf et on va pouvoir raconter à son enfant que grâce à ce jouet qu’on a acheté et qu’on lui offre, donc grâce à lui, finalement, on va pouvoir lutter contre le désastre écologique qui l’attend, qui attend les nouvelles générations et contre les inégalités sociales.

Je suis Maud Sarda et j’ai créé il y a six ans une coopérative qui s’appelle Label Emmaüs, dont je suis la directrice aujourd’hui. Nous, on est très heureux à Label Emmaüs d’avoir effectivement beaucoup de femmes dans l’effectif. C’est rare dans le milieu de la tech et du numérique, on sait qu’elles ne représentent quand même pas beaucoup plus de 10 % des effectifs, et nous, on est à plus de 50 % de femmes, y compris dans les postes de direction, dans mon comité de direction, j’ai plus de femmes que d’hommes et également dans les apprenants qui viennent se former dans notre école. Et en ce moment, la promo qui est en cours à l’école, c’est 80 % de femmes, donc on en est très fiers et certainement justement parce que le e-commerce, ça permet de démystifier un petit peu le numérique en fait. Ce n’est pas du développement informatique, c’est du e-commerce, c’est sûrement le logotype commercial, boutique en ligne, graphisme, communication qui fait un petit peu moins peur aux femmes et tant mieux et on en a vraiment beaucoup en insertion et dans l’école.

Tout le monde connaît Emmaüs, en France quasiment, mais à l’échelle du pays, encore très peu de personnes savent que Emmaüs vend en ligne, donc c’est le défi de la notoriété. Le développement principal pour Label Emmaüs, c’est de devenir vraiment un site de référence. Aujourd’hui, il commence à avoir pas mal de personnes qui connaissent ce site, mais c’est quand même une petite partie de la population extrêmement au courant déjà de ce qu’est le SS, l’impact, la consommation responsable, donc le changement d’échelle, il est encore très important. Il nous faut absolument avoir plus de notoriété et de notoriété dans le grand public qui s’installe. Donc évidemment, vraiment, tout l’argent, tous les bénéfices et toutes les marges, ça va prioritairement à notre mission sociale qui est de lutter contre l’exclusion grâce au e-commerce, c’est un outil comme un autre pour former des personnes et se servir de la seconde vie des produits pour une seconde chance, finalement, pour les hommes, c’est ça chez Emmaüs depuis toujours.

Je pense que mon engagement, c’est quelque chose que j’ai en moi depuis toujours, aussi pour avoir grandi en Guadeloupe et dans cette enfance, forcément derrière la carte postale et toute la richesse culturelle, historique de ces territoires, il y a aussi la misère, la pauvreté, le sentiment de déclassement, de rejet. Et ça a sûrement nourri un peu de colère, quand même, en moi, moi je suis quand même révoltée. Et j’ai trouvé chez Emmaüs cette valeur travail, reconnaissance de l’autre pour ce qu’il est, une seconde chance de vraiment de tendre la main, de faire avec la personne et pas pour la personne et le modèle économique, moi j’adore le challenge économique ! »

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