Le monde de l’art fait sa mue après MeToo !

Margaux Derhy, artiste plasticienne et fondatrice du Cercle de l'Art
Le monde de l’art fait sa mue après MeToo !

Les expositions des femmes artistes dans les grands musées ou fondations affichent des records de fréquentation. Niki de Saint Phalle au Grand Palais avec 600 000 entrées ou encore Elles à Georges Pompidou avec 2, 5 millions de visiteurs envoient une message très  fort au public et aux professionnels :  « c’est la preuve que ces artistes soi-disant inconnues et méprisées intéressent » se réjouit Camille Morineau, fondatrice de l’association Aware, commissaire d’exposition et directrice artistique. 

La cote des femmes artistes progresse de manière sensible : en 2021, les ventes de leurs œuvres ont atteint un milliard de dollars. 

Aujourd’hui les jeunes femmes artistes sont majoritaires dans les écoles d’art, signe de la confiance qui se construit. 

 Margaux Derhy est artiste plasticienne, elle a fondé Le Cercle de l’Art fin 2020. De tout temps l’argent a été au cœur de la création, c’est à ce sujet qu’elle répond avec l’initiative hyper concrète. 

Interview Olympe Ditner
11 avril 2023

OD : Dans quelles circonstances est né Le Cercle de l’Art ? 
MD : Le déclencheur du Cercle de l’Art, je pense que c’est le confinement. C’est un moment où le gouvernement a commencé à mettre en place des aides et les artistes ont reçu pour la première fois un salaire mensuel. En parlant avec les artistes autour de moi, c’était une révolution ! 

Elles disaient : “C’est incroyable ! J’ai de la vision, je sais que le mois prochain je vais avoir tel montant qui va venir. Je sais que je vais pouvoir payer mon atelier, je sais que je vais pouvoir payer mon matériel, etc.” Et ça, ça n’avait jamais existé. 

OD : En quoi consiste l’opération du mois d’avril ?
MD : Donc le Cercle de l’art, c’est un projet qui a vu le jour fin 2020 avec l’idée de permettre

à l’artiste femme francophone de vendre son travail un mois par an pour se créer un revenu mensuel pendant un an. 

L’artiste a quatre mois pour préparer un portfolio d’œuvres et ensuite elle a un mois pour le mettre à disposition de son réseau pour le vendre. Les personnes paient en douze mensualités. Donc par le cumul des ventes, ça permet à l’artiste d’avoir un revenu pendant un an. 

Il n’y a pas de projets d’exposition prévus. Les rencontres que l’artiste va faire avec ses collectionneurs, tout se passe dans le cadre de l’atelier. Et ça, c’est quelque chose aussi que je trouvais intéressant pour les collectionneurs ou les amateurs d’art de découvrir l’artiste par le biais de l’atelier et pas uniquement par le biais de l’exposition.

 OD :Quel est l’objectif de l’opération pour les femmes artistes ? 
MD : L’objectif, c’est que ces femmes qui font partie de ce projet prennent confiance en elles et repoussent les limites pour produire des œuvres encore plus exceptionnelles. 

OD : Acquérir l’œuvre d’une femme artiste, c’est une bonne opération ? 
MD : C’est forcément une bonne opération parce que les femmes sont sous-représentées et sous-cotées, donc c’est important, je pense, de participer à ce mouvement. 

En général, quand on regarde les statistiques, c’est entre 10 à 30 % des femmes qui sont exposées. Donc oui, je pense que c’est essentiel comme action aujourd’hui.

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