L’entreprise transforme la société

Elisabeth Richard, directrice des relations avec la société civile chez Engie

Interview réalisée par Florence Dauchez
8 Novembre 2022

L’entreprise peut changer le monde et la société. Elisabeth Richard en est convaincue. Il y a 16 ans, elle a inventé sa fonction alors que son entreprise n’avait pas encore amorcé sa transformation. Depuis, des actes concrets ont été posés : parité, évolution de carrière, maternité, violences, Engie  s’est engagé. 

« J’ai fait un zoom avec ma communauté du réseau de femmes Win Women Networking, c’était au moment du confinement. J’ai vu des femmes en grand danger, avec des preuves, des bruits, des claquements de portes, des hurlements, des caméras qui s’éteignent. Voilà, c’était pas beaucoup de femmes, c’était deux cas, mais c’était trop. J’ai pris mon courage à deux mains, j’ai appelé la direction générale. Je leur avais dit “Voilà, la vie pro/vie perso, il n’y a plus vraiment de frontière puisque nous travaillons en confinement chez nous. ” Alors j’ai eu le feu vert, j’ai une réserve de Catherine MacGregor. Mais j’ai eu le feu vert de Jean-Pierre Clamadieu et on a mis en place un certain nombre de choses sur les violences faites aux femmes et surtout, on a ouvert la voie puisqu’on a mis le 39 19 et tous les numéros utiles sur toutes les factures de nos 8 millions d’abonnés chez Engie. »

 

Bonjour, je m’appelle Elisabeth Richard, je suis Directrice des relations avec la société civile chez Engie et je suis une personnalité qualifiée Haut conseil à l’égalité pour le gouvernement français. Je suis tombée dans la marmite il y a seize ans de cela. Je travaillais pour un grand groupe français industriel qui s’appelait Suez à l’époque et le président de l’époque reçoit une ministre.

Il y a seize ans, cette ministre lui dit : “Et bien, que faites vous sur la place des femmes ?” Et le président de l’époque dit : “Et bien, tout ! Enfin rien. Enfin, certainement ce qu’il faut.” Il la raccompagne, le rendez vous se termine. Coup de téléphone : “Je veux savoir ce qu’on fait sur la place des femmes” et donc on a commencé à travailler-là dessus.

Il m’a demandé de mener cette mission sur la place des femmes il y a seize ans, et j’étais une des pionnières. 

J’ai mené tout les sujets autour de la place des femmes au niveau égalité professionnelle dans un premier temps, en même temps. Et je me suis dit les choses vont finir par payer d’une manière ou d’une autre. A un moment donné, on a été le premier groupe français avant la loi Copé-Zimmermann sur la féminisation des conseils d’administration, à avoir 63 % de femmes.

On était hors la loi. La loi Copé-Zimmermann, c’est 40/60 d’un genre ou d’un autre. Et il a fallu, quand la loi est tombée, nommer un homme à la place d’une femme. Sincèrement, c’était une première. Et voilà, ça a fait valeur d’exemple. 

 Ah, le sujet de la maternité est un vrai sujet dans l’entreprise. Quand vous capitalisez sur une jeune fille ingénieure, que vous voulez l’embaucher, que vous la formez, que vous l’accompagnez dans l’entreprise, vous croyez en elle, elle a un premier bébé, c’est pas évident.

Elle a un deuxième bébé et on l’a perd. C’est là qu’il a fallu effectivement neutraliser un certain nombre de choses, comme la prime. Et bien, on avait décidé de neutraliser cette prime sur base de l’année précédente, 100 %. On a été le premier groupe français à avoir une crèche en immeuble de grande hauteur. Aujourd’hui, on se dit, bon, une crèche, finalement, on est en télétravail…

Non, non, une crèche, c’est important. C’est important d’ouvrir la route. C’est important de montrer aux femmes et aux hommes qu’ils peuvent accompagner, laisser leur bébé, être tranquille, travailler sereinement. L’entreprise est là aussi pour accompagner tous ces dispositifs. C’est tous ces sujets-là sont des sujets de décisions politiques. C’est une décision de direction générale.

Il faut que la direction générale soit engagée sur ces sujets-là  et si elle ne l’est pas,  on est comme des hamsters dans une roue et on n’y arrive pas. Nous, on a une direction générale forte, volontariste. Catherine MacGregor a été la première femme CEO du CAC40. Maintenant elle a été rejointe par d’autres grandes femmes et c’est formidable. Mais elle a la volonté politique et managériale de soutenir et de faire avancer le sujet de la place des femmes et de la diversité au sens général.

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