Les femmes sont plus exposées à la pollution microplastique

Rosalie Mann, fondatrice de l’association No More Plastic

PLASTIQUE – À travers le monde, des millions de personnes piétinent les décharges à ciel ouvert. La plupart sont des femmes et des enfants, qui inhalent les produits chimiques émis par ces déchets plastique en décomposition.

Rosalie Mann est la fondatrice de No More Plastic, une association qui alerte l’opinion publique sur l’impact de la pollution microplastique qui existe depuis 2018.

 

Il apparait que les femmes sont plus exposées à la pollution plastique que les hommes, peut-on le mesurer ?

En fait, on ingère tous à peu près l’équivalent d’une carte de crédit par semaine, de microplastiques et de nanoplastiques. Et les femmes sont beaucoup vulnérables à cette pollution microplastique tout simplement parce que le métabolisme d’une femme crée beaucoup plus d’œstrogènes et on a des graisses beaucoup plus importantes que dans le métabolisme de l’homme.

Une femme utilise environ 15 produits cosmétiques par jour.

40 % des produits de beauté-hygiène contiennent au moins un perturbateur endocrinien. Ils peuvent contenir jusqu’à 100 produits chimiques, dont des éléments microplastiques.

Les particules de plastiques circulent dans l’air, le corps féminin est plus exposé que celui des hommes du fait de la différence de métabolisme.

Les produits ménagers contiennent de nombreux composants microplastiques. Selon une enquête de l’ONU, les femmes assument deux fois et demi plus de tâches ménagères que les hommes. Une inégalité sociale qui affecte aussi la santé des femmes.

Commnent le plastique génère-t-il des gaz à effet de serre ? 

Le matériau plastique génère des gaz à effet de serre à chaque fois qu’il y a un rayon d’UV, de soleil, sur lui. Je vous donne un exemple tout simple. C’est une scientifique basée à Hawaï qui a découvert ça et c’est dramatique. Et aujourd’hui, si on veut régler le problème du changement climatique, il faut déjà régler le problème de notre production et de notre consommation de plastique.

Dites-nous en plus sur votre fondation, No More Plastic. 

Cette fondation sensibilise l’opinion publique, elle remonte les études sur le sujet, les vulgarise au plus grand public et on travaille également à changer les lois, à faire avancer les mentalités sur le sujet au niveau industriel, pour que soit mise en place, par exemple, une taxe sur les microplastiques. Parce qu’aujourd’hui, la raison pour laquelle les industriels l’utilisent, c’est non pas que nous n’avons pas d’alternative, c’est que le plastique est utilisé en quantité  tellement exponentielle qu’il n’est pas chère et vous permet de faire  des marges colossales.

Le problème c’est que ce matériau est toxique, il se dégrade en microparticules de plastique au moment de l’usure d’un produit et aussi au moment de  la dégradation dans l’environnement. On produit 460 millions de tonnes de plastique par an. On nous annonce 600 millions de tonnes pour 2030.

Donc 2030 c’est demain et ça ne peut pas continuer comme ça !

Recycler le plastique, une solution ?

Le pire, c’est le plastique recyclé parce que le plastique recyclé fait en sorte de faire croire aux gens que c’est un matériau précieux qu’on pourrait réintroduire, que c’est formidable de pouvoir en refaire quelque chose, etc. Ce matériau n’est pas précieux, il est toxique. C’est juste du poison recyclé.

Quand vous récupérez un matériau toxique, vous allez simplement le remettre en circulation. Mais on ne résout rien. Au contraire, on contribue à une production plus importante et à surtout une émanation des microparticules de plastique beaucoup plus importante.

Aujourd’hui, le problème du plastique, c’est non pas le fait qu’il soit recyclable ou pas, c’est qu’il est toxique et qu’il génère microparticules de plastique qui vont dans notre corps et qui provoquent des maladies dramatiques. C’est ça le vrai sujet. Et l’industrie du plastique fait tout pour que le public ne soit pas au courant de ce point précis et on omet trop, on néglige, on ignore complètement ce sujet.

Existe-t-il des solutions alternatives ?

On me dit souvent que dans la mode, on ne peut pas faire autrement. C’est totalement faux. Aujourd’hui, on a la possibilité de faire des maillots de bain avec de la laine, de faire des imperméables complètement résistants à l’eau, aux tempêtes etc. à base de laine. On peut utiliser également des fibres à base d’algues. Il y a énormément de solutions qui existent, sauf qu’on va toujours privilégier le recyclage du plastique ou les matériaux synthétiques.

Interview Florence Dauchez
14 novembre 2023

 

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