Les professions du soin sont en danger

Christel Baldet, infirmière-anésthésiste et vice-présidente du collectif “Santé en danger”

87% des infirmières sont des femmes

« On est à moins de 2 000 €, ça c’est sûr, on est en moyenne à 1 400€. Ça dépend si on est à Paris ou en province. Mais ce sont des bas salaires. On en a quand même un niveau licence. »

Christel Baldet est infirmière anesthésiste depuis 20 ans.

« Depuis plus de trois ans maintenant, on a basculé dans un mode dégradé, dans l’exceptionnel tout le temps, ce qui fait que les conditions de travail sont devenues extrêmement pénibles.
On est sans cesse appelés, c’est vraiment typique d’être appelé en permanence pour pallier des effectifs insuffisants, ça, c’est très difficile à vivre, vous avez un temps de congés et on vous demande de venir travailler. Pareil pour les week-ends et les temps de récupération… Ça apporte du déséquilibre dans la vie personnelle avec parfois en substance, des menaces. Moi, je l’ai vécu, des infirmières qui, parce qu’elles n’ont pas encore de CDI, et bien on leur fait comprendre qu’il faudrait qu’elles fassent un effort. »

Mais le job est-il toujours attrayant ?

« L’attractivité n’est plus là, parce qu’on a beaucoup de jeunes qui s’engagent dans ce genre de métier, les métiers du soin, mais qui quittent très vite, voire pendant leurs études ou alors quelques années après avoir été diplômés. »


« J’ai eu la chance de découvrir ce collectif “Santé en danger” qui est né en 2020, et je me suis tout à fait reconnue comme les 300 000 membres qui accompagnent ce collectif. Vraiment cette idée de ne pas être dans la plainte ou dans la revendication, mais de se dire, voilà les solutions existent et on va les porter. »

Quelles actions ?

« On a organisé pendant six semaines un travail d’auditions auprès de professionnels du terrain sur le thème de la santé. On a auditionné ces gens en visio, des professionnels, en leur donnant toujours un objectif précis. Nous, on va passer les constats assez vite. On veut les solutions, vos solutions. Donc ça a donné lieu à un compte rendu d’un certain nombre de solutions à court, moyen et long terme évidemment. C’est un travail quand même assez conséquent et, c’était assez gratifiant.

“Soyons le changement !” comme disait Mandela ou Gandhi. Oui, soyons le changement ! Avant de vouloir revendiquer quoi que ce soit déjà, il faut l’appliquer à soi-même. Et c’est toute la difficulté chez les soignants, c’est à dire que oui, on veut être le changement, on ne veut plus soigner les gens comme on est amené à le faire. »

Interview Raphaëlle Duchemin
13 Juin 2023

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