Décider d’agir pour préserver la nature

Marie Combarieu, entrepreneur.

« Dans le monde de l’entreprenariat, il y a un truc génial, c’est qu’on n’est pas du tout seul et tout le monde accepte de répondre, d’échanger, de partager, d’aider. »

Lâcher son job pour aller plus loin dans ses engagements, c’est l’aventure qu’a entreprise Marie Combarieu par volonté d’agir pour l’environnement.
Rencontre avec la créatrice de ECODROP.

Propos recueillis par Florence Dauchez

Comment est née votre idée du recyclage de déchets pour les petites entreprises du bâtiment  ?

MC : J’ai réalisé que la gestion des déchets était très bien organisée pour les gros producteurs de déchets que sont les grosses entreprises, type Bouygues, qui font des gros chantiers, par des gros acteurs comme Veolia, Suez, etc. Mais les quelques cinq cent mille entreprises artisanales du bâtiment, qui emploient souvent de moins de vingt salariés, n’ont pas de véritables solutions pour les déchets de leurs chantiers. Elles les jettent parfois dans la nature alors que ces déchets sont recyclables à l’infini : le plâtre redevient du plâtre, l’isolant redevient de l’isolant … 

Tout l’enjeu était donc d’apporter des solutions à ces artisans, pour les aider à gérer leurs problèmes de déchets et les emporter dans les bonnes filières pour qu’ils soient ensuite recyclés.

Qu’est ce qui a motivé ce choix dans votre parcours professionnel et personnel ?

Dans une grosse société, on passe beaucoup de temps en réunion, et c’est plus difficile d’avoir un impact. Tout d’un coup, il y a eu une urgence, là, maintenant, tout de suite.

Comme j’ai de la chance et plutôt  confiance en moi, je me suis dit  que c’était possible. 

Vous étiez salariée d’une grande entreprise, Saint Gobain. Comment vous a-t-elle accompagnée ?

J’ai échangé avec mon employeur en lui demandant directement son soutien. Même si ce n’était encore totalement construit, ils ont décidé de me laisser du temps ; deux mois pour faire mon business plan, me lancer et pour voir si c’était viable. Mieux encore, ils m’ont laissée entendre qu’ils pourraient m’accompagner financièrement, avec la promesse formidable :  je pourrais récupérer mon poste en cas d’insuccès. Donc c’était le choix idéal pour moi !

Bien sûr, après ces deux mois, je me suis rendue compte que ça en valait la peine et qu’il fallait y aller. 

J’ai donc décidé de monter la structure, avec l’aide de Saint-Gobain.

Comment avez-vous fait évoluer votre idée ? 

Rapidement, on s’est rendu compte que les artisans ont surtout besoin qu’on vienne chercher les déchets sur leurs chantiers. Eux, s’occupent d’aller monter les cloisons, rénover la salle de bain et ils n’ont pas envie d’aller perdre leur temps dans les embouteillages pour emporter ces déchets à la déchèterie. Du coup, nous avons créé de nombreuses solutions de transport de déchets adaptées à leurs besoins.    

Comment avez vous financé votre projet ?

J’ai fait trois levées de fonds. La petite au début, c’est ce qu’on appelle de la « love money » : ce sont  les copains, les anciens collègues, moi bien sûr, et le groupe Saint-Gobain. Puis des « business angels » qui nous ont permis de lever 700 000 €. Grâce à cela, nous avons pu vraiment nous développer commercialement et, en décembre 2020, on a réalisé une grosse levée de fonds de 5 millions d’euros auprès de gros fonds d’investissements, parce qu’on avait  apporté la preuve que ça marchait très bien.

Quel conseil donneriez vous à de futures entrepreneures ?

Dans le monde de l’entreprenariat, il y a un truc génial, c’est qu’on n’est pas du tout seul et tout le monde accepte de répondre, d’échanger, de partager, d’aider.

Mon conseil c’est d’oser demander. Il ne faut surtout pas hésiter ! Ne serait-ce qu’une recommandation d’une entreprise qui peut nous accompagner, sur un sujet financier, un contact avec un fond d’investissements. Et moi j’ai vécu cela depuis le premier jour.

C’est un pur bonheur, que ce soit à Saint-Gobain à l’origine, des amis entrepreneurs qui me présentent d’autres gens, et ainsi de suite. Et c’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré mes associés.

A mon tour, je m’attache à accompagner aujourd’hui les personnes qui entreprennent et à leur donner un peu de temps pour les aider. Parce que c’est ainsi que je l’ai vécu, et j’ai vraiment adoré ça ! 

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