Marie Eloy est fondatrice de Bouge Ta Boîte.
Désignée par Forbes en 2020 comme l’une des 40 femmes qui font bouger la France, elle raconte comment elle a réussi, en partant de zéro, à construire l’un des plus puissants réseaux d’entrepreneures. Nous l’avons rencontrée.

Interview par Florence Dauchez
Publié le 3 mars 2022

Entre elles, elles s’appellent les « bougeuses » parce que ce sont des dirigeantes d’entreprise qui bougent tout. Elles bougent leurs entreprises, leurs territoires et ont envie d’avoir un impact pour les générations futures. Elles fonctionnent en cercles de dirigeantes d’entreprises, de petites entreprises et professions libérales. Des cercles lancés par Marie Eloy partout en France.

Tous les 15 jours, elles se retrouvent en intelligence collective, une seule au sein d’un cercle par secteur d’activité pour éviter la concurrence. Leur objectif est de générer du chiffre d’affaires les unes grâce aux autres. Elles se recommandent, brainstorment, échangent, avec l’ambition de faire croître leur business et de devenir des rôle-modèles sur leur territoire.

Lorsque Marie Eloy se lance dans cette aventure, elle n’a que très peu de moyens : « Au début, j’annonçais sur Facebook que j’arrivais dans une ville pour lancer le réseau business féminin et j’étais, avec mon kakemono, face à 10 personnes.»

Aujourd’hui le réseau a pris de l’ampleur et s’est professionnalisé. « Bouge ta boîte » organise des webinaires, des formations en ligne spéciales et réunit des centaines de femmes.

Son moteur, aider les femmes entrepreneures à développer leur activité, à voir grand : « Entre 70 et 80% des dirigeantes d’entreprise en France ne vivent pas correctement de leur activité. Pour les hommes, on estime que c’est 50%. Quand on demande à une femme ce que veut dire « vivre correctement son activité », elle va répondre « gagner 1500€ par mois ». Donc 70 à 80% vivent avec moins de 1500 euros par mois. Un homme à qui on va poser la même question va répondre « gagner entre 3000 et 4000 euros par mois. »

L’effet Golem Vs. l’effet Pygmalion.

Ce qui la motive, c’est de changer cet inconscient collectif ; cette petite musique qui dit que les femmes entrepreneures n’ont pas confiance en elles, qu’elles n’osent pas et qu’elles ne prennent pas de risque.

« En fait on prend n’importe quelle catégorie d’individus, on leur dit depuis toujours, par tous les médias, les journaux, les films, les livres, que c’est une catégorie d’individus qui n’ose pas, qui ne prend pas de risque, qui n’a pas confiance en elle, à qui on dit en plus que ça va être difficile, et qu’on la met quasiment nulle part en position de visibilité et de pouvoir, vous êtes sûr que cette catégorie va sous-performer. Ça s’appelle l’effet Golem. On prend la même catégorie d’individus, on lui dit qu’elle est super forte, qu’elle prend des risques, qu’elle ose, on la met en position de pouvoir et de visibilité partout : elle surperforme. Ça s’appelle l’effet Pygmalion. Ça veut donc dire qu’on peut changer les choses. »

Si elle observe une véritable entraide, un taux d’authenticité très fort entre les femmes du réseau, les résistances se trouvent ailleurs : « c’est tout un changement de mentalité qu’on essaie d’initier avec Bouge ta boîte et les bougeuses, c’est parler business, négocier, prospecter, parler d’argent, afficher son juste prix. C’est ça qui est difficile et c’est ça qu’on souhaite développer ensemble. »