« Pendant la première guerre mondiale, je suis devenue orpheline. Pendant la deuxième, veuve. C’est pour ça que je voudrais que désormais, on soit des combattants de la paix, pour qu’il n’y ait plus d’orphelins et de veufs. »
Ensemble dans la mort, Missak Manouchian et son épouse Mélinée sont entrés au Panthéon ce 21 février 2024. « Missak Manouchian est accompagné de Mélinée, comme Simone Veil l’a été par Antoine lorsqu’elle a été panthéonisée », Denis Peschanski, historien.
Mélinée Manouchian n’a que trois ans quand elle est témoin du génocide arménien qui lui fait perdre ses deux parents. Sans terre et sans famille, elle arrive en France en 1926.
Elle rencontre Missak Manouchian en 1934. Les deux amoureux partagent une admiration commune pour la France et une proximité avec le parti communiste, qu’ils intègrent au milieu des années 1930.
Au début de la seconde guerre, le couple entre dans la résistance. « Nous aurions pu rester cachés, mais nous ne pouvions pas rester insensibles à tous ces meurtres, à toutes ces déportations de Juifs par les Allemands, car je voyais la main de ces mêmes Allemands qui encadraient l’armée turque lors du génocide arménien ».
En 1944, Mélinée Manouchian finit par apprendre l’exécution de Missak, plusieurs semaines après sa mort. « Je suis dès lors perdue, ne survivant que d’un passé qui ne me donne aucune tranquillité ».
À la fin de la guerre, elle est naturalisée française et fait publier les poèmes de son mari.
Elle a alors une nouvelle mission, transmettre le flambeau de la mémoire de son époux.
La combattante de la liberté s’éteint le 6 décembre 1989 à l’âge de 76 ans.
©Photo Philippe Ledru