Elle a la voix qui chante, la chaleur du sud et son exubérance aussi qui percent dans son timbre. Marie Laure Guidi, derrière ses lunettes aux montures bleues est un pur produit de Marseille. Ce petit bout de femme a sa ville chevillée au coeur et la générosité en bandoulière. Aujourd’hui elle en fait bénéficier les femmes qu’elle croise dès qu’elle le peut. Engagée dans la French Tech, à la CCI, elle est aussi la présidente de BPW dans la cité phocéenne : elle est en train de construire avec les entreprises du territoire un label baptisé Bye bye sexisme.
Elle qui se destinait a être médecin a finalement choisi la voie de l’expertise comptable… mais comme Maire-Laure n’est pas du genre à n’avoir qu’une corde à son arc elle multiplie les passions et les engagements… » Moi, mon parcours a été jalonné de femmes extraordinaires. Je m’en suis pas aperçu tout de suite. Tu vois, c’est incroyable quand même. Je te parlais tout à l’heure de ma professeure de violoncelle qui est la première femme absolument extraordinaire que j’ai rencontrée et qui m’a donné l’envie d’être musicienne. Chaque fois ça me donne envie de faire quelque chose après. »
Sauf qu’il a fallu choisir car même une fan de L’OM boulimique de tout ce qui se passe autour d’elle ne peut pas tout faire rentrer dans son agenda.
Jeudi 26 janvier 2023
Interview Raphaëlle Duchemin
Aujourd’hui ce qui est sur c’est qu’aidée par des femmes tout au long de son parcours Marie-Laure veut rendre la pareille. « j’ai eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de chance de rencontrer des femmes à chaque fois qui sans me dire parce que t’es une femme, je t’aide juste, qui ont juste montré le chemin et donc j’ai eu beaucoup de chance et je souhaite à tout le monde de les rencontrer mais aussi de les identifier parce que parfois tu peux les croiser et ne pas voir qu’elles sont là aussi pour t’aider. »
alors Marie-Laure a choisi d ‘agir. « dans le milieu professionnel, j’ai rencontré, j’ai commencé à rencontrer des femmes, des filles, vraiment, avec beaucoup de potentiel, mais qui elles me disaient je suis bridée , on me ferme des portes, parce que moi même je ne me sens pas légitime : ça a été une vraie prise de conscience. En fait, je me suis dit mais moi, j’ai la chance de pas avoir vécu ça. Mais autour de moi, il y en a tellement. Qu’est ce qu’on peut faire ensemble pour essayer de faire changer les choses ? C’est comme ça que j’ai commencé à m’investir sur l’association qui s’appelle Business Professional Woman BPW. »
C’est la présidente nationale de l’époque Agnès Bricard qui est la première femme présidente de l’ordre des experts comptables qui est venue la chercher. BPW business n’existait pas sur Marseille elle lui a proposé de créer l’association. Marie-Laure dit oui tout de suite : « ça tombait à cette époque ou je me disais effectivement autour de moi j’ai des femmes en souffrance et qu’est ce que je peux faire pour les aider ? Et donc je me suis dit créons cette association sur Marseille et voyons ce qu’on peut faire. Et donc dans cette association, je suis allée chercher des femmes avec qui j’avais l’habitude de travailler beaucoup de dirigeants d’entreprise, beaucoup d’avocats, beaucoup d’experts comptables, mais aussi des salariés, des boites dans lesquelles on bosse ou aussi des présidents de structures d’accompagnement avec lesquelles j’avais envie de travailler.Et on a créé cette association de toutes pièces.»
Pour avancer vite et agir Marie-Laure a une idée qui émerge au fil de ses rencontres. La création d’un label baptisé Bye-bye sexisme. » l’idée c’est vraiment de dire ensemble, on va éradiquer le sexisme, on n’a pas peur, tu vois, on est un peu Jeanne d’Arc, on se dit le sexisme, ça suffit. Qu’est ce qu’on peut faire ici à Marseille pour donner dans ce territoire qui est quand même pas très culturellement normalement ouvert à ça ? Qu’est ce qu’on peut faire comme projet impactant pour faire que le sexisme s’arrête et pas de sujet ? . Les premiers qui nous ont vraiment fait confiance sur ce sujet, c’est Aix-Marseille Université, avec le président Eric Berton, qui a été le premier partenaire officiel de l’association et du programme Bye bye sexisme.
En nous disant effectivement, il faut agir et il faut faire quelque chose et nous on vous aidera. Et c’est avec eux, avec Aix-Marseille Université qu’on construit ce label puisque ce qu’on veut, c’est un label qui ne soit pas du marketing. On veut un label qui ait du fond, qui fasse vraiment changer les choses. L’idée c’est pas de faire un coup et d’arrêter et c’est vraiment que ça change, que les gens prennent conscience et qu’ensemble on arrive à changer les mentalités en entreprise. »
Le label est donc en cours de fabrication : « on est encore dans la phase de construction du label. On le co-construit avec beaucoup d’entreprises partenaires puisqu’on ne peut pas le faire toutes seules dans notre coin . L’idée, c’est vraiment de faire un diagnostic, de ou amener l’entreprise au niveau du sexisme et là on s’aperçoit qu’il y a des vrais sujets? L’idée poursuit Marie-Laure, c’est de faire un questionnaire ouvert, alors établi par Carolina, de l’université, donc scientifique vraiment, qui est distribué à l’ensemble des acteurs de l’entreprise. Tous les salariés, quels qu’ils soient, de la direction, à vraiment toute l’échelle de l’entreprise sans oublier pour le coup qu’il soit distribué de façon anonyme et évidemment que les salariés y répondent et qu’à partir de ça, on puisse établir un diagnostic de ou se positionne vraiment l’entreprise par rapport au sexisme. »
Et les exemples sont parlants. » Tu as une femme qui rentre de congé maternité et son chef lui dit : est ce que tu veux travailler moins, est-ce que tu ne veux plus travailler le mercredi ? Est ce que c’est du sexisme ou est ce que ça on est pas ? C’est de la bienveillance ou c’est du sexisme ? Donc le questionnaire, il est là pour décrypter tout ça, parce que parce qu’il y a plusieurs formes de sexisme, sexisme bienveillant existent aussi. Mais c’est du sexisme quand même.
Donc l’idée, c’est de savoir où se classe l’entreprise par rapport à ces différents styles de sexisme et ensuite de proposer des solutions de formation d’information pour faire changer les mentalités. Mais ne serait ce que la prise de conscience, une fois que tu sais que tu as un biais cognitifs, tu peux le combattre.Si tu ne sais pas, tu ne combat pas. Donc non, notre volonté, c’est vraiment de faire diffuser cette information, de faire parler les quelques entreprises qui sont en train de construire le label sur la preuve de concept nous disent que ça libère la parole. En fait, le fait de débattre du questionnaire parce qu’il a aussi ça dans la phase de construction du label.
Le fait de débattre avec les salariés tous ensemble et la direction, les DRH de ces questions qui sont posées libère la parole. Et on a eu des retours de femmes qui ont osé dire des choses qu’elles n’avaient jamais osé dire, alors que ça fait dix ans qu’elles sont dans la boîte. Donc l’idée, c’est aussi ça, c’est d’aider les femmes à s’affirmer sur ces sujets, Par exemple des femmes qui sont manifestement victimes de sexisme, mais qui pensaient que ça n’en était pas et qui, du coup, n’ont jamais fait remonter des comportements.
Un peu de sexisme paternaliste, c’est bien belle aujourd’hui. Tu vois tout ce qui peut dire à Marseille tu ne sais pas trop ce que c’est. Est ce que c’est du machisme ? Est ce que c’est du sexisme ? Est ce que c’est du paternalisme ? Tu sais pas, mais n’empêche que la femme le vit mal.
Certaines le vivent bien mais certaines le vivent mal, et n’osent pas le dire. Et en discutant dans ces groupes, elles se sont aperçu qu’elles étaient plusieurs à mal le vivre et qu’en fait, elles n’avaient pas conscience que finalement c’était pas forcément des comportements que leur supérieur hiérarchique pouvaient avoir. »