Donner le sourire pour mission

Pauline Duhault, adjointe de direction de l’association la Chorba

« En fait, les gens viennent avant tout recevoir du contact humain, échanger avec des gens, recevoir un sourire »

Nous avons rencontré Pauline Duhault, adjointe de direction de l’association la Chorba basée à Paris. Après une prépa et une école de commerce, elle a préféré se tourner vers un métier plus humain. 

MM: Comment décide-t-on de s’engager dans une association ? 

« J’ai été un peu formée aux métiers capitalistes de base, finance, conseil, et cetera. Et j’ai toujours senti que je voulais faire autre chose, quelque chose qui se différencie un peu de tout ce qu’on m’apprenait et surtout que je rentrais pas dans ces cases-là en fait, et que j’avais beau essayer de me forcer, ça ne marchait pas. Et j’ai découvert pendant le deuxième confinement la Chorba, pour laquelle je suis devenue bénévole pendant trois ans. J’ai rencontré petit à petit plein de gens, salariés, bénévoles qui m’ont vraiment inspirée et qui m’ont vraiment donné envie de continuer avec la Chorba qui est une asso incroyable pour ses valeurs et pour ses actions. Et du coup, ça fait un an que je suis adjointe de direction. »

MM: Pourquoi ce n’était pas suffisant pour vous de rester bénévole ? Pourquoi avez-vous décidé de faire partie de la Chorba a plein temps ? 

« À la fin de ma première année d’école, au lieu de faire un stage j’ai choisi de faire une mission humanitaire et donc je suis partie aux Philippines. Je suis restée deux mois là-bas dans un bidonville. Je me souviens très bien du jour où je suis retournée à l’école juste après. Et quand j’ai vu la différence de culture, c’était vraiment le choc entre les mentalités. J’avais passé deux mois avec des gens d’une ONG nationale qui étaient à fond dans les projets, hyper tournés vers l’autre. Et quand je suis retournée en école… Ce qu’on essaie de m’apprendre, c’est pas du tout moi. Je ne peux pas faire un boulot où je ne pense qu’à l’argent, où je pense qu’à gravir les échelons. Ça ne m’intéresse pas. » 

Je dirais que la première qualité c’est vraiment l’humanité, tout simplement. Parce qu’au-delà d’être juste : “on donne à manger, on donne du pain, etc…”. Et du coup, si on n’a pas cette envie de donner de soi, de sourire, de dire bonjour et de demander aux gens comment ils vont, même si on les connaît pas, c’est pas forcément là où est notre place. Mais par contre, si c’est vraiment notre envie, alors là c’est l’éclate. 

MM: Comment se passe une soirée de distribution de repas de la Chorba ?

« Il y a une capacité en places assises de 150 personnes. Donc ça tourne assez vite pour le service, même si les gens, de toute manière, peuvent rester autant de temps qu’ils veulent. Aucune pression donnée. Les gens peuvent globalement se resservir lorsque c’est la Chorba qui prépare les repas. Le plat principal est chaud et à volonté et ensuite ils ont du coup du pain, un yaourt, un dessert du thé et du café. »

MM: Les Restos du Coeur ont lancé un appel au secours, ressentez-vous aussi cette crise ? 

« Ce que les Restos du Coeur crient, on est tous en train d’en parler depuis un an. Quand on est dans le secteur, on s’en rend compte depuis plusieurs mois qu’il y a un truc qui cloche. Surtout depuis cet hiver, quand on a vu l’augmentation de la précarité. En fait, on se rend compte que c’est plus possible, ça coince. 

Il n’y a pas que les Restos, c’est un acteur énorme en France mais il y a des centaines et des milliers d’assos en France d’aide alimentaire qui n’ont pas forcément la notoriété suffisante pour obtenir ces fonds-là. Donc c’est trop bien qui les aies obtenu. Ça va être très bien utilisé. Mais voilà, il faut diversifier aussi. Il faut penser à tout le monde, et donner les moyens à tout le monde de faire plus. Parce que ce que tout le monde, tout le monde doit faire plus, aujourd’hui. On est tous dans la même situation. »

Si vous souhaitez vous engager auprès de la Chorba, vous pouvez vous inscrire de manière ponctuelle. Aucun engagement long terme n’est demandé. Il suffit de vous créer un compte sur la plateforme de bénévolat disponible sur le site internet de la Chorba. Et c’est très simple, rapide.

 

Interview Marion Molinari
20 septembre 2023

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