Le souffle de Marseille

Sabrina Agresti-Roubache, productrice.

Le souffle de Marseille

Impossible est un mot qui ne fait pas partie du vocabulaire de Sabrina Agresti-Roubache : la productrice marseillaise s’est faite toute seule, et a réussi à démontrer qu’à force de volonté et de travail on pouvait croire en ses rêves. C’est cet état d’esprit qu’elle s’attache à transmettre à sa fille qui voit en elle une guerrière.

Nous avons rencontré Sabrina Agresti Roubache.

Interview par Raphaëlle Duchemin
Publié le 24 février 2022

Quand on rencontre Sabrina Agresti-Roubache, on a l’impression de la connaitre depuis toujours. Sa spontanéité est probablement son arme la plus efficace : la quadra tutoie d’emblée et met immédiatement à l’aise. Mais qu’on ne s’y trompe pas : derrière la jeune femme avenante à la longue chevelure brune, se cache une Business Woman qui sait ce qu’elle veut. Depuis toute petite Sab’ comme l’appellent ses amis a toujours su qu’elle travaillerait dans la culture. Cette détermination elle l’a reçue en héritage «J’ai toujours fait ce que j’ai voulu, mais en accord avec moi-même, donc j’ai toujours su que j’allais travailler dans la culture mais je ne savais pas où ».

RAP SERIE ET KIFFANCE
Le déclic survient lors d’une rencontre avec Akhenaton du groupe IAM : « Je démarre, je suis stagiaire de prod, je corrige les coquilles des scénarios. » Un passage par tous les échelons qui vont lui apprendre les moindres ficelles du métier. Pas le choix « Quand tu n’hérites pas de ce background, fille de producteur de directeur de programmes, ou fille de réal, tu ne peux pas t’inventer non plus une culture. Par contre- dit-elle, lucide, tu peux te la créer. » De cet apprentissage sur le tas la productrice en a fait une force : Ça veut dire qu’aujourd’hui, je connais tous les métiers de la production puisque j’ai démarré en bas de l’échelle. C’est tout l’intérêt. Tu ne peux pas m’arnaquer. S’esclaffe-t-elle « On ne peut pas me dire il faut huit jours pour tourner. Alors que je sais qu’il en faut que deux. C’est tout l’intérêt. Et quand on me dit- ah ouais, c’est super, tu réussis, je dis pas du tout. J’ai sacrifié à peu près toute ma vie, toute ma jeunesse pour ce que j’aimais. » Car depuis toute petite Sabrina a été conditionnée. Comme son frère et ses sœurs. Etudier à l’école travailler dur, voilà comment ses parents les ont élevés. Une enfance heureuse qu’elle évoque avec nostalgie « Je suis née à Félix Pyat, entre le Vieux-Port et la Belle de mai. Je suis issue d’une grande famille, et je souhaite à tout le monde d’avoir l’enfance que j’ai eue parce que j’ai ma grand-mère qui vivait avec nous. -sa gorge se noue et ses yeux s’embuent- C’est probablement la personne qui m’a le plus marquée dans ma vie. »

DAN JEAN PHI ET LE PR
Il faut croire que le destin de Sabrina est fait de rencontres décisives. Elle les raconte d’ailleurs dans le livre qu’elle vient de publier. Moi l France je la kiffe est a son image un patchwork des chapitres hauts en couleurs et en émotions . C’est probablement ça qui a séduit Dan Franck qu’elle appelle l’un des hommes de sa vie. C’est avec lui qu’elle produit la série Marseille pour Netflix. La politique elle ne fait pas que al filmer : car désormais Sabrina s’est lancée : « je suis élue au conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur et j’ai une énorme délégation qui est la lutte contre les violences faites aux femmes et la lutte contre le harcèlement scolaire. » Celui qui l’a convertie à la politique n’est autre qu’Emmanuel Macron. C’est lui qui la fait monter sur scène lors de son grand meeting parisien en 2017. Mais ni son amitié avec le couple présidentiel ni ses diners à l’Elysée n’impressionnent Sabrina. « Je ne me suis jamais laissée ni emporter par les paillettes, par les étoiles Je suis née dans le ciné ni par ceux,-les tyrans ordinaires-, qui t’expliquent que ce n’est pas possible, que tu ne peux pas, que ta place, elle n’est pas là. »

MARSEILLE ET RIEN D’AUTRE
Et sa place Sabrina elle sait exactement où elle se trouve : ici, pas très loin de Salon de Provence ou sa mère est née mais surtout jamais trop loin de la grande bleue. « Je me suis toujours dit: Je préfère être quelqu’un chez moi que toute petite et inexistante chez les autres. Et je préfère faire Marseille-Paris que Paris-Marseille ». Ce bagou qui la caractérise la jeune femme s’en sert aussi pourconvaincre : et ça marche « Quand je vais vendre mes films aux investisseurs, je leur dis, je ne suis pas une spécialiste de l’ingénierie financière ni juridique, je comprends, mais ce n’est pas ma spécialité ». Et pour faire le parallèle, je leur dis: voilà, je ne développe pas de nouvelle Tech, moi, je développe des scénarios. On dit des choses dans des scénarios, on est des passeurs de messages. Et je leur dis – le seul truc qui marchera toujours c’est comme les boulangers et comme ceux qui fabriquent des vêtements, les gens continueront à regarder. Il faut juste pouvoir donner l’accès à la culture et après, choisir ce que tu as envie de transmettre. Et des choses à montrer Sabrina en a encore plein dans ses tiroirs… Elle qui pourrait presque passer de l’autre cote de la caméra pour devenir l’héroïne de l’une de ses propres histoires.

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