Sauver la Terre, les femmes en ont le pouvoir

Watatatakalu Yawalapiti, ambassadrice pour la planète

« Sortez de ce monde artificiel ! Ouvrez les yeux sur ce qui arrive »

Cette femme remarquable est cheffe de tribu indigène en Amazonie. Écoutez sa sagesse. Elle prendra probablement la succession du très charismatique chef Raoni, mondialement connu.
Watatatakalu Yawalapiti est devenue la grande figure de la protection de l’environnement et de la culture indigène du Brésil.


Pour la première fois une femme est admise dans le cercle masculin des ambassadeurs internationaux de la protection de l’Amazonie.

Le rôle des femmes est primordial dans la culture du peuple Yawalapiti. Découvrez l’universalité de sa pensée.
Ensemble, protéger la Terre !

« Dans notre culture, la pauvreté n’existe pas. Dans notre culture il n’y a pas de classe de riches. Classe moyenne ou pauvre, ça n’existe pas.

Sortez de ce monde artificiel ! Ouvrez les yeux sur ce qui arrive. Aujourd’hui nous sommes à Paris dans cette zone fraîche mais là, dehors, il y a une partie du monde, le monde réel, qui est en train d’être détruit.
Nous nous faisons nos cultures, le temps des plantations s’est décalé, le temps des récoltes a changé. Nous avons beaucoup perdu ces dernières années: des graines, des bois, à cause de ce temps qui s’est soudainement modifié. On voit aussi les changements au travers des rivières qui se sont beaucoup asséchées. Elles s’envasent. Le lit des rivières se modifie, la forêt s’embrase trop facilement. Et tout ça, on le ressent directement dans notre chair parce que c’est nous qui sommes là, dans la forêt.
Ceux qui sont à l’extérieur, sous l’air conditionné ne savent pas ce qu’il se passe. Le congrès du Brésil est rempli d’ignorants qui ne connaissent pas les besoins des peuples indigènes. Il pensent que c’est parce que nous vivons dans nos huttes, parce que nous mangeons du poisson, parce que nous vivons de fruit et de manioc, ils pensent que ça, c’est être pauvre.

Dans notre culture et de notre peuple, les femmes ont toujours été organisatrices du travail. Comme je le dis, nous administrons les villages, nous protégeons nos savoirs. Pour cette raison, ce sont les femmes qui vont au combat. Ce sont les femmes qui soignent cette planète ! Ou du moins elles essaient, parce que nous toutes faisons ça, au même moment, toutes les femmes indigènes. Et pas seulement au Brésil, mais partout.
Nous avons dû nous mettre en première ligne parce que les femmes n’ont jamais attendu pour faire les choses. C’est le futur de nos enfants et de notre planète. C’est nous qui avons le pouvoir sur le monde, nous les femmes.

Mesdames, à l’intérieur de votre maison vous savez, vous détenez un grand pouvoir. Vous influencez à l’intérieur de votre maison. Alors, nous pouvons changer cette réalité, premièrement en éduquant nos enfants car les adultes ne le peuvent plus. Beaucoup d’adultes cherchent à prendre conscience, à s’informer mais ceux qui vont vraiment faire que ça arrive, ceux qui vont créer le changement, et vont vivre une vie différente, ce seront nos enfants. Et ce n’est pas dans longtemps, c’est demain ! »

Interview Florence Dauchez
5 septembre 2023

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