Si tu prends soin de la terre, la telle prendra soin de toi

Twyla EDGI MASUZUMI est l'une des Gardiennes de K'ahsho Got'ine de la communauté Dénée

Twyla EDGI MASUZUMI est l’une des Gardiennes de K’ahsho Got’ine de la communauté Dénée – au cœur de région du Sahtu (Territoires du Nord-Ouest Canadien).
Aux côtés des autres gardiens et des aînés de sa communauté, la jeune mère de famille défend les droits des peuples autochtones et de leurs terres, ainsi que la protection de la grande forêt boréale.

Une grande partie du temps est consacrée à la transmission des pratiques ancestrales qui ont permis à la communauté de préserver ses savoirs et son identité. La route qui rejoint la première ville n’est praticable que lorsque le gel arrive. La période de grand froid diminue avec le réchauffement climatique. Confier la présidence de la Cop28 au Sultan Ahmed Al Jaber, patron d’un géant pétrolier émirati, constitue un signal alarmant pour ces peuples qui détiennent des savoirs indispensables à la survie de l’espèce humaine en harmonie avec la nature.

20 janvier 2023
Interview Elitsa Gadeva

« Ma communauté, les territoires du Grand Nord, elle se trouve environ à 25Km du cercle arctique, composée d’un peu plus de 500 personnes. C’est vraiment très isolé. La seule façon d’y arriver est par une route gelée. Il n’y a qu’une petite fenêtre pour entrer et sortir de la communauté. Notre forêt est très importante parce que nous la protégeons depuis des années et des années. Les anciens nous enseignaient de toujours protèger la nature. Si tu protèges la nature, la nature va prendre soin de toi. Je protège la nature, par exemple des industries pétrolières, des forages, et de tout ce qui peut être polluant pour nos animaux, notre eau, nos arbres. Donc on s’assure de défendre cela. C’est ce qui nous a été enseigné et c’est ce pourquoi nous vivons.

En tant que Gardiens, nous faisons un certain nombre de choses. Nous surveillons beaucoup les animaux, la forêt, l’eau. Nous faisons des entrainements de recherche et de secours. Les anciens enseignent à la jeunesse le savoir-faire des pièges ou de la chasse ou les cimetières de nos ancêtres ou les routes qu’ils empruntaient pour aller d’une communauté à une autre. Parce que nous chassons beaucoup pour fournir aux membres de notre communauté parce que là-bas les prix de la nourriture sont aberrants. En seulement trois semaines les prix ont doublé par rapport à ce qu’ils étaient. Donc c’est vraiment cher et dur pour nos ainés et les parents seuls d’acheter. Nous organisons des chasses communautaires où nous allons chercher des élans, des caribous, des castors et nous les distribuons au sein de la communauté pour aider à cause des prix de la nourriture. Moi, je viens d’une famille forte qui m’a tellement appris et j’en suis si reconnaissante en tant que mère seule avec 4 enfants. J’ai besoin, d’être cette personne forte pour leur transmettre ce savoir. Je sais que certains ont peur : “j’ai des enfants, je ne peux pas faire ceci ou cela”, mais les femmes sont si puissantes. Il s’agit d’amener ton esprit à ce niveau et tu pourras alors y aller et le faire ! »

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