Sophie Iborra est directrice de l’Engagement de La Tribune et membre du Haut Conseil pour l’Egalité F/H, elle est à l’origine de l’événement annuel Women For Future. Entrepreneure et femme de pub, l’égalité est un sujet qu’elle a intégré très tôt dans son parcours professionnel.
FD : Votre mobilisation pour l’égalité remonte à vos débuts professionnels
SI : effectivement, j’ai très vite compris, très jeune, qu’il serait plus difficile d’accéder à des postes à responsabilités en étant une femme. Et donc je me suis dit qu’il il fallait faire quelque chose et s’engager pour que ça bouge, pour que les lignes bougent et qu’on arrive à quelque chose de plus acceptable pour tout le monde.
FD : Le sujet a émergé fortement ces dernières années, vous étiez une pionnière..
SI : J’ai eu beaucoup de chance dans ma carrière, j’ai réussi à mêler et entremêler ma vie professionnelle et mes engagements. Et donc j’ai toujours cherché à pouvoir trouver une relation entre les deux pour faire en sorte que mon métier ait du sens. Donc c’est un fil rouge, effectivement. J’ai commencé à m’engager dans des associations, à créer des associations et puis ensuite à insuffler ces questions à travers tout l’entourage professionnel.
FD : Quel a été votre premier mode d’action ?
SI : J’avais envie de créer une espèce de club, vous connaissez ces clubs économiques où les gens se rencontrent, font du business, etc. Et le constat, c’était qu’à chaque fois que je me déplaçais dans un club pour explorer, il y avait 95 % d’hommes et 5 % de femmes .
Je me demandais pourquoi les femmes n’arrivaient pas à créer de réseau et à en profiter. Et donc, par exemple, il y a une dizaine d’années, j’ai créé un club économique où j’ai donné comme condition pour y rentrer de venir en paire, avec un homme et une femme. Il y avait autant de femmes que d’hommes, ce qui n’arrivait jamais.
FD : Vous avez pu mesurer l’effet?
SI : Oui, et ça change tout en fait ! Parce qu’effectivement, ça donne une espèce de dynamique, chacun y trouve son compte . Les hommes comprennent un certain nombre de choses par rapport à leurs collègues femmes, parce qu’il y a de l’échange. Mais dans ce genre de club, on n’est pas là que pour échanger sur les questions d’égalité au contraire on est là pour travailler ensemble, pour vivre ensemble.
FD : A vous écouter, il suffit de mettre en place les conditions de la mixité…
SI : Le plus compliqué, c’est de faire perdurer le réseau. Il y a un phénomène qui s’attenue mais qui résiste encore, le phénomène où les hommes savent très bien utiliser le réseau et les femmes moins, parce qu’évidemment elles ont moins le temps, elles sont plus occupées, elles sortent moins, les réunions en club ont lieu souvent le soir.
On revient toujours à la même question, il y a les enfants, il y a double travail, double journée de travail.
FD : Les femmes vont continuer à avoir des enfants. Où est la solution ?
SI : IL faudrait que les femmes apprennent à avoir confiance en elles. Et puis à assumer le fait qu’elles aussi ont droit à une carrière professionnelle épanouissante. Plus épanouissante elle sera et plus la vie de famille en sera, à mon avis, meilleure.
Donc il y a ça et puis il y a aussi le fait qu’il faut qu’ellent fassent confiance aux hommes aussi, à leurs maris, à leurs pères, etc. Certaines femmes aussi ont du mal à déléguer un certain nombre de choses. Il y a une prise de conscience de part et d’autre que les choses avancent, mais il faut qu’elles-mêmes prennent en main leur destin et qu’elles croient en elle.
Et qu’elles pensent qu’elles peuvent tout faire
Florence Dauchez