J’en valais la peine

Suzanne Ribeiro, directrice chez La Poste
Chaque mois Visible va à la rencontre des femmes qui font bouger les lignes en assumant des fonctions où les femmes sont peu nombreuses. Volonté, énergie, bonne humeur, un bon cocktail pour piloter des sites de 150 personnes.

« Réellement, ma journée, dans ma tête, elle n’est jamais finie. Je pense que pour un directeur, on a toujours un peu, est-ce que demain, s’il y a de la neige, est ce qu’un camion va arriver ? On est toujours un peu au taquet, et c’est vrai qu’on check pas mal nos mails même sur notre canapé »

Je m'appelle Suzanne Ribeiro Sarrau, je suis directrice de centre de livraison à l'ACP Herblay.

Ça fait 15 ans que je suis au Colis, d’ailleurs j’ai commencé au Colis, j’ai fait toute ma carrière au Colis. Le mariage avec La Poste, en fait, moi, il faut savoir que j’ai un BAC +3, plus axé commerce, donc j’ai fait un boulot de commerciale pendant pas mal d’années. Et puis La Poste a été une opportunité parce qu’à un moment donné, j’ai eu envie de faire autre chose, et quand on m’a proposé ce rôle de manager, et donc je suis rentrée cheffe d’équipe et voilà, je suis rentrée bien dans le bain à manager de grandes équipes et je me suis rendu compte que c’était ça, pour le coup, c’était ça que je me prédestinais à faire peut-être dès le début.

FD:- Avez-vous exprimé votre ambition ?

SR:- J’ai eu un manager, j’ai eu un directeur quand j’étais cheffe d’équipe qui, je pense, a senti que moi j’avais envie d’aller plus loin, de ne pas rester que cheffe d’équipe et qui m’a donné cette opportunité et qui m’a donné des tâches à faire. C’est ce qui a un peu changé ma carrière parce que j’ai basculé en tant que responsable livraison, donc ça veut dire qu’au lieu d’être cheffe d’équipe, j’ai managé des chefs d’équipe. C’est aussi une autre approche.

FD:- Avez-vous rencontré des figures inspirantes ?

SR:- Aujourd’hui… Je m’étais identifiée parfois à des femmes qui étaient à des postes à haut-niveau, quand je suis rentrée à La Poste, et je me suis dit pourquoi pas, pourquoi pas évoluer ? Au début, je me suis dit ça va être peut-être compliqué, et au final, franchement, quand vous êtes bien accompagnée, quand vous vous donnez les moyens, il y a toujours quelqu’un qui est là, qui vous remarque et qui vous donne aussi votre chance.

FD:- Pour vous, quel est le défi du manager ?

SR:- Je pense qu’être directeur aujourd’hui, directrice, c’est de savoir qu’on peut ne pas être aimée, entre guillemets. Aujourd’hui, pour moi le plus dur parfois, c’est de se dire: “j’ai un humain en face de moi, mais je ne pourrai pas aller dans son sens. Je ne peux pas aller dans ce sens parce que ce n’est pas le sens de l’entreprise.” Et à ce moment-là, moi je ne peux rien faire, je comprends ce qu’il me dit, mais que ce n’est pas, ce n’est pas comme ça qu’il faut le faire. Le tout, c’est de pouvoir lui expliquer. Je ne suis pas forcément sûre que parfois, ils me comprennent. Mais à la fin, les choses sont dites.

Aujourd’hui, j’ai quand même 150 tournées en bas, donc j’ai 150 personnes différentes au quotidien. Après, ici c’est ma sixième agence et je me suis rendu compte que j’avais différents styles de management sur mes six sites parce que les gens sont différents. Parce que moi aussi, j’ai senti qu’il ne fallait pas adopter la même approche.

FD:- Quand avez-vous été fière de vous pour la dernière fois ?

SR:- J’avais un adjoint, qui devait passer son concours pour que, je vous explique, La Poste, c’est par grade, donc il devait passer son grade pour être un jour futur directeur. Donc c’est vrai que je l’ai pas mal accompagné. Et aujourd’hui, d’ailleurs, c’est l’un de mes collègues. Donc je suis, j’étais déjà très fière de lui et j’étais contente de l’avoir accompagné, contente d’avoir été un soutien, parce que les compétences, en fait, il les avait déjà. Mais le tout, c’était lui donner la volonté et l’envie de continuer dans ce sens-là.

FD:- Que voulez-vous transmettre ?

SR:- Moi, je dirais que franchement, faut y aller ! Il ne faut jamais penser qu’on n’y arrive pas. Moi, j’ai toujours eu des moments de doute. Il y a eu beaucoup de remises en question aussi, mais par contre, je me suis dit, si on t’a choisie, si tu es là, si tu es à ta place, c’est que tu en valais la peine. Ce n’est pas toujours simple, mais je pense que si on a l’envie, il ne faut pas se mettre de barrières.

Une interview de Florence Dauchez 

14/10/2022

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