« Les femmes n’osent pas assez, les hommes foncent! »
Christine Bonnet est Directrice opérationnelle Courrier en Seine-Saint-Denis. Elle a commencé guichetière, dans un bureau de poste. Puis est devenue responsable d’un bureau de poste, puis à la Branche Courrier – Colis où là, elle a été responsable communication puis responsable sur le développement d’un projet national, toujours au sein du Courrier. Enfin, on lui a proposé un poste de Directrice d’Établissement Courrier dans Paris, qu’elle a accepté.
« J’ai eu des directrices et des directeurs qui m’ont fait confiance, qui m’ont accordé leur confiance, qui ont cru en moi alors que j’étais une personne extrêmement timide et du coup, qui ont su capter mes compétences, visiblement de manageuse. »
« J’ai eu l’honneur et la chance d’avoir une femme directrice d’établissement à l’époque, c’était la seule sur l’Ile de France et surtout un directeur d’établissement qui est devenu mon mentor et qui m’a fait confiance et qui m’a aussi donné confiance en moi. De moi-même, je n’aurais pas postulé. Il faut savoir saisir les opportunités qui s’offrent à nous. Et moi, j’ai eu la chance d’avoir un parcours où on est venu me chercher.
Les femmes, on a tendance à se sous-estimer et à postuler sur un poste en pensant qu’il faut toutes les compétences. La question ne se pose pas pour un homme. Il a envie de postuler, il postule. Il ne se dit pas : “ Alors est-ce que j’ai les compétences en RH ? Est-ce que j’ai les compétences commerciales ? Est-ce que j’ai les compétences organisationnelles ou managériales ? » Alors qu’une femme, et ça, je crois que mon rôle c’est de donner confiance aux femmes et de leur dire : allez-y, osez ! Beaucoup de femmes n’osent pas, en fait, il y a encore ce frein. Et puis par contre, celles qui ont envie, je trouve qu’elles l’expriment beaucoup plus facilement que lorsque moi j’ai démarré ma carrière.
De par mon parcours, ce qui a pu m’effrayer, c’était, en face, d’avoir des des représentants syndicaux beaucoup plus virulents dans leurs réparties, évidemment verbales. C’est vrai que là, il faut vraiment ne pas montrer de fragilité ou ne pas exprimer, ne pas être déstabilisée. Et puis parfois, l’aspect, on va dire physique, puisque j’ai été une des premières femmes directrice d’établissement, enfin, dans certains établissements, la première femme qu’ils avaient comme directrice d’établissement, à l’époque, il y avait quand même… la masculinité l’emportait. Donc il fallait qu’on apporte encore plus nos preuves et qu’on sache être respectueuse, mais également se faire respecter.
Toutes les formations sur le management et l’accompagnement, le coaching, elles m’ont donné confiance en moi puisqu’en fait, on peut s’adresser à un collectif de 300 personnes. Donc oui, il y a des techniques de communication qui sont très, très utiles pour prendre la parole. Surtout quand de nature, on peut être introvertie ou timide, ce n’est pas forcément évident. D’ailleurs, il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes sur ce point-là. Sur ce point de vue-là.
Alors je suis très étonnée de mon parcours puisqu’il n’était absolument pas ni décidé, ni projeté. Pour moi, c’était un très beau parcours puisque j’ai souvent en tête, quand j’y pense, une anecdote d’un de mes professeurs au collège, qui, à la fin de l’année, avait dit à mes parents :
” Écoutez, Christine est une bonne élève, sauf que je n’ai pas entendu le timbre de sa voix.”
Donc, voilà mon parcours. Il est en terme de confiance, pour moi et puis surtout de confiance vis-à-vis des autres. Et ça, c’est important. »
Interview Florence Dauchez
10 juillet 2023