Elles écoutent, elles accompagnent, elles soutiennent les femmes victimes de violence. Les associations jouent un rôle déterminant dans l’aide et les réponses que la société peut apporter aux femmes et hommes confrontés aux violences sexuelles.
Quitterie Gausserès a co-produit le film Touchées réalisé par Alexandre Lamy, elle explique que la télévision doit aussi contribuer à porter devant le grand public ces sujets qui ont été longtemps dissimulés.
Interview Elitsa Gadeva
Le 23 novembre 2022
EG : Ce film est difficile à regarder, que diriez-vous pour convaincre le public de le voir ?
QG : Touchées c’est un film qui se veut résolument positif. C’est un film qui traite de la reconstruction. Donc montrer qu’effectivement, il y a un collectif, un groupe, tout un entourage qui est nécessaire pour affronter son traumatisme et tenter d’en sortir. Parce qu’effectivement, il y a un phénomène d’identification très fort qui se fait et qui, du coup, aide aussi à mettre en confiance.
EG : Le film traite aussi l’amitié féminine, pourquoi est-ce important pour les victimes ? et pour toutes les femmes en général ?
QG : Ce qui est assez frappant, c’est que les femmes entre elles -je parle des femmes, toutes victimes de violences différentes- ne se rapprochent pas forcément tout de suite les unes des autres. Parce qu’elles voient chez les autres ce qu’elle déteste chez elles. C’est un miroir et c’est un miroir dans lequel on n’a pas envie de se voir. L’accompagnement -des victimes- peut se faire aussi avec des hommes.
Le chemin qu’il faut parvenir à faire, c’est aussi celui-là. C’est aussi de ne pas être dans le rejet de tous les hommes parce qu’on a été victimes d’un homme. C’est d’apprendre aussi à faire confiance à des hommes, qui sont des hommes bien. La première conséquence de ces violences, c’est que ça bâti très vite un mur.
On est enfermé, on est prisonnier du traumatisme. On est prisonnier, prisonnière de ce qui vient de nous arriver. Et plus on attend plus ce mur s’élève, et plus ça sera difficile de grimper et de passer outre. On dit il y a des petites fenêtres dans votre mur, même des toutes petites fenêtres. Vous pouvez vous faufiler par cette fenêtre. Si vous faites un signe, il y a des gens qui sont là pour voir ces signes. Il y a aussi des associations qui sont là pour ça. Les associations sont déterminantes et du coup, suite à ce film également, il y a des maisons, des femmes qui vont s’ouvrir. Il y en a une qui s’ouvre à Nîmes, dont Alexandra Lamy sera la marraine.
Je sais que Clara Luciani marraine celle de Marseille et d’autres. Il y a aussi une maison des femmes à Rennes. Ce n’est pas forcément ce film qui va faire tomber tous les obstacles pour la parole, mais en tout cas, on se dit que dans une classe, il suffit d’une personne qui côtoie –peut-être- au quotidien ces violences, en tout cas soit contre elle ou contre lui, soit contre un membre de sa famille. Ou même que son copain, sa copine, quelqu’un dans l’entourage se confie. Donc pour cette raison, évidemment que c’est important que ce film soit vu.