Une leader qui conjugue carrière et famille

Christine Leturcq, Directrice exécutive de la Branche Services Courrier Colis de Normandie au sein du groupe la Poste
Carrière et vie familiale, est-ce toujours un casse-tête ? Christine Leturcq a choisi de ne pas choisir en conjuguant une famille nombreuse de 4 enfants à des postes à responsabilité.

On s’interroge toujours en rencontrant ces managers épanouies : « mais comment font t’elles ? Quelle est la marque de leurs vitamines ?  Elles ont des super pouvoirs ? »

Interview Florence Dauchez
5 avril 2023

Directrice exécutive de la Branche Services Courrier Colis de Normandie au sein du groupe la Poste, Christine Leturcq quitte le domicile familial le lundi pour y revenir le jeudi soir. Et ça marche : les enfants ont appris l’autonomie et les respect des souhaits de chaque personne au sein de la fratrie.

« Lorsque je suis entrée à la Poste très rapidement, je me suis rendue compte que j’avais des possibilités extraordinaires d’évolution professionnelle si je le souhaitais. Et donc, du coup, j’ai été amenée à le faire assez rapidement, en l’occurrence en posant les choses tranquillement avec ma famille, une famille assez nombreuse quand même. Quatre enfants donc du coup, j’aurais pu me dire non, c’est pas possible, ce n’est pas pour moi. J’en ai discuté tranquillement avec mon mari et on s’est mis d’accord tous les deux et c’était à moi d’y aller. Du coup, il a effectivement lui, adapté sa carrière pour pouvoir à ce moment-là s’occuper des enfants.

Et en l’occurrence, le fait d’avoir des modèles de femmes autour de moi qui ont sauté le pas. Je me suis dit oui, c’est possible. J’ai, j’ai posé un cadre très rationnel dans ma décision. J’ai pesé le pour et le contre, j’ai fait une analyse de risques, et cetera Et à un moment donné, j’ai mis tout ça de côté et j’ai dit Bon toi au fond de toi même, qu’est-ce que tu veux faire là ? Maintenant ? Réponds à cette question. Et la question est la réponse à cette question. Elle a été très rapide. Elle a dit c’est ça que j’ai envie de faire, j’ai envie de voir si j’y arrive. J’ai envie. Je m’octroie le droit à l’échec, mais j’ai envie de voir si j’y arrive, si j’ai la force, si j’ai le courage, si j’ai l’intelligence pour y arriver. »

 

L’entourage personnel, conjoint et amis, jouent aussi un rôle prépondérant en comprenant voire en accompagnant le désir de réalisation professionnelle des femmes. Il arrive en effet que des résistances se dressent dans le cadre du travail auxquelles il faut faire face.

« J’ai l’exemple d’hommes qui n’ont pas spécialement accepté que je prenne des fonctions opérationnelles et dirigeantes. J’étais jeune à l’époque, pas forcément issue du milieu traditionnel de la voie royale pour faire, pour faire ce métier. Je venais du milieu de la communication. Puis il y a eu aussi la même choses des formes, pas de rejet, mais en tout cas d’accueil.

C’est assez mitigé de certaines femmes aussi, qui n’acceptaient pas forcément que je prenne ce type de fonctions. Donc j’ai dû aussi convaincre des hommes comme des femmes, alors j’ai été accompagnée. J’ai été formée aussi. L’entreprise nous permet d’avoir accès à du coaching lorsque l’on prend des fonctions aussi de ce type. Donc j’ai eu des coachs inspirants aussi, qui m’ont aidée.

Et puis, parallèlement à ça, grâce aussi à des rencontres, y compris dans le lieu de l’entreprise, je me suis formée à la sophrologie, je suis devenue sophrologue et j’utilise aussi les techniques de la sophrologie et du coaching pour aussi aider mes collaborateurs en management. »

 

La flexibilité et le télétravail offrent des conditions nouvelles aux carrières des femmes et à leur accès à l’égalité. Des perspectives s’ouvrent dont C Leturcq fait bénéficier à ses collaboratrices : « Les autres ont toujours un regard sur vous. Mais finalement, ce regard-là, c’est pas vous. C’est bien de travailler cette assise personnelle. Qui suis-je vraiment ? Qu’est-ce que j’ai envie de faire et qu’est-ce que je n’ai pas envie de faire ? Et tout est respectable. Il n’y a pas de belle ou mauvaise carrière, il n’y a pas de belles mauvaises fonctions, que c’est un truc respectable, si c’est en phase et en lien avec ce qu’on est profondément.

Je suis pleine d’espoir pour les jeunes générations, que ce soit des hommes ou les femmes. D’ailleurs, je vois des jeunes femmes qui, du coup, ouvrent leur esprit, ouvrent leurs chakras, vont sur des fonctions qui ne leur étaient pas destinées au départ épouser de nouvelles carrières, travaillent davantage à leur équilibre perso, vie pro, mais en partageant aussi les tâches.

Et ça, c’est très important. Ce qui compte aussi, c’est que derrière, ce soit équilibré au sein de la famille : « Je ne demande pas des horaires, ce qui est important, c’est que le travail soit fait. »

 

Christine Leturcq, hypokhâgne, khâgne, philo, Iscom, HEC, sophrologie : une formation éclectique au fil du temps qui témoigne d’une volonté de se construire soi-même, de garder du temps pour soi avant d’en diffuser le bénéfice à son entourage.

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