Une ministre à sa place

Isabelle Lonvis-Rome,ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances.

« Je considère qu’on finit toujours par gagner quand on travaille »

Égalité. Un principe républicain, un objectif et depuis 14 mois la mission ministérielle confiée à Isabelle Rome, Ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances.
Le sujet des violences faites aux femmes constitue le fil rouge de son parcours professionnel qui débute à 23 ans dans la magistrature. 
L’ensemble des associations et acteurs du sujet de l’égalité salue sa légitimité à assoir une politique active et des réponses concrètes.

« J’aime bien dire que je suis née dans une école et que dès mon plus jeune âge, je l’avais au-dessus de la tête ces trois mots de Liberté, Egalité, Fraternité. Donc voilà, c’est ça le sens de mon existence, c’est Liberté, Egalité, Fraternité que j’essaie d’incarner au quotidien. »

Isabelle-Lonvis Rome est la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.

 

« FD : Pourquoi le choix de devenir magistrate ?

Assez jeune, j’ai souhaité être dans la justice. Peut-être juge déjà, dès la cinquième c’est à dire à peu près vers l’âge de douze ans, parce que j’étais viscéralement révoltée par les injustices.

FD : Un souvenir positif dans votre vie de juge ?

C’est peut-être un matin à Lyon, un 8 décembre, vous savez, le 8 décembre à Lyon, c’est la fête des Lumières et j’étais dans ma 205, lorsque qu’un homme d’une quarantaine d’années a tapé à ma vitre.

J’ai ouvert la vitre et c’était en fait un homme que j’avais libéré quelques années plus tôt, lorsque j’étais juge de l’application des peines. Et en fait, il m’avait reconnue et il voulait me dire qu’il s’en était sorti, qu’il avait du travail, qu’il était plombier et qu’il était marié et qu’il avait deux enfants. Parfois, ça marche et quand ça marche, ça marche bien !

FD : Et un moment difficile ?

Je n’ai pas une seule situation, mais j’ai tous ces féminicides, tous ces viols que j’ai jugés, tous ces visages que j’ai gardés en moi ou tous ces visages que je n’ai vus que sur des photos parce que c’était trop tard.

FD : On réfléchit beaucoup avant d’accepter le poste de ministre ?

J’ai dit oui presque tout de suite, c’est-à-dire 2 h plus tard. Ma réflexion a été très vite faite. Je me suis dit que c’était une chance extraordinaire de pouvoir poursuivre tous les combats qui sont les miens depuis des années. Et pour moi, c’était naturel quasiment, c’était très cohérent en tout cas d’accepter cette mission.

FD : Que faites-vous pour répondre aux 57 féminicides depuis 2023 ?

Ce qu’on voit, c’est qu’il est difficile de les faire chuter, ce qui n’empêche pas que nous avons énormément travaillé pour mieux protéger les femmes. Nous avons multiplié les outils de protection comme le téléphone Grave Danger, les bracelets anti-rapprochement. Nous avons renforcé la formation des policiers et des gendarmes, nous avons multiplié les places d’hébergement d’urgence.

Mais néanmoins, ce que nous constatons, c’est que les victimes qui sont tuées ne sont pas du tout connues. C’est l’objectif, par exemple, du “Pack Nouveau Départ”, de ce dispositif que je suis en train d’expérimenter, qui va permettre justement à des femmes de pouvoir retrouver une autonomie matérielle et financière avant même tout dépôt de plainte. Mais justement, au moment où elles se rendent compte qu’elles sont en situation de violence, ça leur permet de retrouver cette autonomie avant que des coups, qu’un meurtre ne puisse être commis.

FD : Être ministre, c’est un défi au quotidien ?

Je considère qu’on finit toujours par gagner quand on travaille et que la preuve par le travail, c’est une des meilleures preuves. C’est-à-dire qu’il y a des discours. Il y en a qui sont très bons dans les discours. En revanche, le travail, je pense être dans les meilleur.e.s. »

 

Interview Florence Dauchez
11 juillet 2023

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