La chaleur de l’été, les incendies à répétition ont déclenché une prise de conscience parmi la population : le climat change à grande vitesse. Juliette Quef est la présidente et cofondatrice, avec Loup Espagilière, de Vert, un média qui donne des clés pour aborder avec un nouveau regard les sujets du climat.
FD: Quel a été le point de départ de ton engagement ?
A des moments de canicule, je me suis sentie vraiment angoissée par le futur et je me suis dit : “ Mais enfin, voilà, dans quel monde est-ce que je vais grandir, dans quel monde est-ce que je vais vivre ? Est-ce que je vais avoir des enfants ? ”
Et c’est là ou vraiment j’ai eu envie finalement de faire du journalisme et de porter ces sujets-là qui pour moi sont des sujets majeurs, et encore une fois, c’est un prisme de lecture du monde.
FD: Qu’est ce que Vert en quelques mots ?
Vert, c’est un média indépendant en ligne sur l’actualité de l’écologie et le but, c’est de raconter de manière simple, avec des mots qui sont vraiment compréhensibles par tous
les sujets qui sont liés à l’actualité du climat, du vivant, des transports, des déchets.
Voilà, on a tout un tas de sujets qu’on aime raconter avec beaucoup de précision, mais aussi qui sont très accessibles en fait à tous.
Et en fait, c’est aussi destiné aux gens dans les entreprises c’est destiné aussi aux leaders, c’est destiné aux journalistes, donc un peu tout le monde.
FD: A quels besoins répond la charte du journalisme et que propose-t-elle concrètement ?
On a publié en septembre 2022 une charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique. Cette charte, elle partait du constat qu’on ne parlait pas suffisamment de climat dans les médias ou en tout cas, on en parlait mal. Voilà, on se dit “ Oh mon Dieu, il y a des incendies ”, c’est beaucoup le côté émotionnel, mais on n’explique pas beaucoup les causes du réchauffement climatique et on n’explique pas non plus beaucoup les solutions. C’est à dire comment, concrètement, est-ce qu’on peut agir en tant que citoyen. Nous, ce qu’on s’est dit, c’est, okay, on va présenter une boussole, des bonnes pratiques qui permettent d’améliorer collectivement la manière dont on fait du journalisme. C’est pour ça que cette charte, elle a eu un succès fou. Il y a plus de 1600 journalistes qui l’ont signée, il y a plus d’une centaine de médias qui l’ont signée, et aujourd’hui, elle se diffuse aussi au niveau international, on l’a transcrite en cinq langues différentes. Aujourd’hui, il y a des journalistes qui nous écrivent du monde entier pour nous dire qu’ils l’ont traduite en suédois, qu’ils l’ont traduite en lituanien, etc.
FD: À qui s’adressent les articles de Vert ?
Quand j’écris mes articles, je pense à une lycéenne, je pense à une jeune fille qui va être en train de préparer ses cours en seconde, en première, en terminale et qui va comprendre finalement les notions liées au climat, au vivant. Je pense à une jeune fille parce que déjà je suis une femme, donc ça me touche forcément de penser à une jeune fille tout de suite et aussi parce que j’ai une jeune sœur, donc pour moi aussi, c’est quelque chose de proche.
Je vais penser en fait à celles qui vont transformer le monde dans le futur et qui participent aussi déjà à le transformer maintenant et aussi parce qu’on a plus de lectrices que de lecteurs. On a à peu près 57 % de lectrices par rapport à nos lecteurs. Donc pour moi, c’est très important de prendre en compte notre public, notre lectorat, pour être encore plus proche de notre communauté de lectrices et de lecteurs.
Interview par Florence Dauchez et Elitsa Gadeva
Le 17/10/2022